• Chapitre 21 : Quand la Mort est une Porte qui s'ouvre...

    Tracter une âme hors de sa prison de chair.
    Tracer un esprit défunt pour le plier à sa volonté.
    Tramer cette soie éthérée pour en faire l'ombre et le corps.

    Extrait des neufs "TRAS" de la concentration nécrosophique.

    Pour qui cherche à se planquer, la forêt offre une prestation tout à fait honorable. Fourrés inextricables, jeux d'ombres imprécises même en plein jour, et bien sûr toute l'ambiance craquante et stridulante de la faune locale. Mais si c'est un bon endroit pour se terrer, c'est également le bon coin pour dissimuler des petits secrets. Et il arrive parfois qu'une échappatoire se transforme en gueule de loup.

    Ce n'est pas tellement l'instinct qui a conduit les bottes de Thrace sur ce sol moussu, c'est plutôt un mélange d'intuitions et une grosse part d'incertitude. Et dans sa tête, une question trottine : "Où est le palais du Gardien déjà ??".
    S'infiltrer en douce dans le refuge du maître du sidh n'a pas tellement posé de problème sous la forme d'un petit nuage privé d'un certain nombre de commodités humaines. Et bien curieusement, l'ondine est incapable de retrouver le chemin avec ses cinq sens. En bref, elle est complètement paumée.
    Peut-être devrait-elle recourir à sa forme vaporeuse…mais une partie de son esprit s'y refuse. Après avoir eu tant de mal à récupérer ses pouvoirs, elle tient à célébrer l'événement. Même si pour ça, elle doit vadrouiller sans but pendant des heures. La jeune tueuse se montre parfois très têtue. Vu de haut, c'était quand même plus simple.
    Thrace s'immobilise à mi-course d'une pente ombragée, les mains sur les hanches et un air dubitatif coulé sur le visage. Le soleil filtré par les ramures reste assez insistant pour lui arracher quelques gouttes de sueurs qui scintillent autour de son nez. Ca n'a pas d'importance pour le moment. Ce qui en a par contre, c'est que son estomac commence à lui rappeler que sous cette forme, elle a les même forces et faiblesses qu'une humaine.
    Prenant une inspiration contrariée, l'ondine décide de s'asseoir quelques instants pour réfléchir. Sa tenue de cuir crisse légèrement en contrepoint aux gargouillements qui montent de son ventre.
    A peine ses fesses touchent-elle le sol moelleux qu'un son remonte la pente en provenance directe des sous-bois face à elle. C'est le genre de bruit qu'on n'oublie pas : un râle d'agonie arraché de force à une gorge humaine.

    La pause est terminée, Thrace se relève et dévale le talus courbée en deux pour rejoindre un massif de troncs noueux. Là, tapie contre l'écorce rugueuse d'un noyer séculaire, elle risque un œil plus en avant. Il y a du mouvement. Une forme à terre et deux autres debout à ses cotés. L'ondine se rapproche prudemment, mesurant la moindre de ses foulées avec d'infinies précautions. Finalement, elle parvient à se glisser tout contre un rocher, à quelques mètres de la scène. Elle se pointe par ailleurs juste à temps pour surprendre la fin de la conversation.

    - … ch'autres –shhhhs-.
    - Certainement.
    - Che issssh !

    Deux gaillards bien bâtis drapés dans leurs capes vertes devisent tranquillement par-dessus la dépouille d'un petit tas de chair qui, il y a peu encore, devait être un homme. Un reste de hache brisée est visible sur le coté. Thrace plisse les yeux. L'un d'eux porte un réseau de lanières de cuir par-dessus sa cape qui semble correspondre à un harnachement alambiqué. Impossible de savoir pour quel usage, il lui tourne le dos. Quand à l'autre, il semble satisfait de pouvoir croiser ses quatre bras nus sur une poitrine étrangement évasée. Deux petites cornes effilées jaillissent de l'intérieur de sa bouche pour se recourber à l'horizontal devant ses lèvres déformées. Un peu comme si l'on avait ajouté une paire de mandibules non adaptées à la conformation de sa bouche. Voilà l'origine des chuintements qui ponctuent la moindre de ses syllabes.
    Des humains corrompus. Ou peut-être autre chose. Les créatures du sidh ne répondent à aucune obligation naturelle, seulement aux caprices de leurs maîtres thuadènes. A part leur stature intimidante, aucune arme ne pointe son vilain nez d'un coté ou de l'autre de leur accoutrement.
    Thrace se mordille pensivement le gras du pouce tout en réfléchissant. Quand on est perdu, la meilleure solution reste encore de demander son chemin. Et si ces deux aberrations n'ont pas l'air hospitalières, il n'est pas forcément impossible d'obtenir ce qu'elle en veut.

    Quatre-bras-et-mandibules à l'air plus dangereux que l'autre. Ce sera lui l'heureux élu. L'ondine échafaude son plan d'action. Elle patiente encore un moment jusqu'à ce que les deux "hommes" décident de tourner les talons.
    Les capes vertes s'enroulent autour de leurs mollets lorsqu'ils s'engagent sur un petit sentier qui s'enfonce dans les buissons sur la droite. Thrace se passe la langue sur les lèvres, compte jusqu'à dix et leur file le train.
    Évidement, suivre deux forestiers dans leur environnement naturel va s'avérer délicat. Mais haut les cœurs ! Il faut y croire. N'est-elle pas une assassin, doublée d'une élémentaire de l'eau ? Elle est la meilleure. Du moins elle veut le croire.
    Un pas discret, un autre furtif, l'ondine écarte les branchages délicatement. L'art de la discrétion porté à son paroxysme. Bien malin qui pourrait la repérer et… Ce n'est qu'un battement de coeur plus tard que Thrace réalise qu'à cette allure, les deux autres auront disparu à l'horizon avant qu'elle n'ait fait cinq pas. Bon tant pis. Le cœur battant, elle décide d'accélérer un peu, foulant les inévitables brindilles avec une nervosité grandissante.
    A force de cric et de crac, c'est une lourde paluche qui manque de lui faire jaillir les yeux hors des orbites. Une poigne de fer abattue sur son épaule. Thrace sursaute, fait volte face et bondit en arrière.

    - Che le sachais –shhhh- !!
    - Sachet ?

    Son estomac répond par l'affirmative. Thrace fait un geste irrité de la main droite et darde un regard méfiant sur les mandibules.

    - Theu. Une autre intruse. Pas de chance pour toi !

    L'ondine a juste le temps de rouler à terre pour éviter quelque chose de sonore et massif qui crée une véritable bourrasque dans son dos. Le sol tremble, des mottes de terres jaillissent. Thrace se ramasse aux pieds de l'homme insecte qui tente de l'attraper à bras le corps. Elle lui décoche un coup de talon dans l'entrejambe et recule de trois pas.
    Elle examine la scène en deux cillements et manque de s'en décrocher la mâchoire. Bon sang ! Qu'est ce que c'est que ça ?? On dirait un assemblage de rochers reliés ensembles par des chaînes et des rivets. Le réseau de lanières de cuir sert apparemment à manipuler l'ensemble en répartissant le poids de manière plus confortable. Thrace replie le bras droit en arrière.
    L'homme aux rochers pointe un index épais :

    - Bon on devrait peut-être l'interroger celle làààà aaaah !!

    Le cri surprend son compagnon chuinteur qui tourne la tête pour constater qu'un manche de dague vient de fleurir sur l'avant bras du porteur de rocs. Il siffle et se détourne… pour écarquiller les yeux à son tour quand la botte de l'ondine le percute en pleine face. Thrace se réceptionne derrière lui et fait un large mouvement de la jambe gauche pour lui faucher le creux des genoux. Mandibules tombe en avant. Rocher éructe et fait tournoyer son arme autour de lui, arrachant des petits sapins, des caillasses de modeste envergure et même quelques arbres un peu plus vénérables. L'allonge de son arme est impressionnante ! Les pièces frottent les unes contre les autres, s'arrachant mutuellement des étincelles et des éclats de graviers qui jaillissent en tout sens.

    - Bon ça suffit, je n'ai pas de temps à perdre avec vous.

    Le bruit de succion marque le début du changement de phase. Thrace s'élance vers l'homme-caillou, les dents dénudées sur un rictus sauvage. Voyant l'attaque, ce dernier modifie ses mouvements pour créer une sorte de protection tournoyante autour de lui. Elle s'en cogne royalement et bondit. Les pierres aiguisées la percutent en pleine face, à la poitrine, aux jambes et en diverses parties plus délicates de son anatomie. Ca fait un grand –sploff- un brin déconcertant. L'autre ne semble pas comprendre d'où vient toute cette eau qui lui gicle soudainement à la figure. Il ouvre la bouche pour crier. Dernier vestige de sa forme humaine, le visage fluidisé de Thrace affiche un sourire triomphant avant de s'engouffrer goulûment dans l'ouverture.
    L'homme-rocher gargouille, tousse et suffoque avant de pouvoir finalement pousser un long cri déchirant qui semble s'effriter sous l'effet d'une bourrasque imaginaire. Un peu le même son qu'un baquet en train de se vider par le fond. L'ondine ressurgit par l'arrière (inutile de préciser par quel orifice) et retombe à genoux, la tête repliée entre les épaules comme un nourrisson. Elle crache sur le sol, dégoûtée et se retourne vers la momie desséchée qu'elle vient de quitter.

    - Hum, c'est nouveau ça…

    Pensive, elle examine la paume de sa main gantée comme s'il y avait une réponse écrite dans les replis du cuir noir. Et ce qu'elle y lit semble l'impressionner. Elle serre le poing à s'en faire craquer les phalanges et l'envoie percuter la tête poussiéreuse de Rocher. La statue de cendres tombe en poussière. Elle l'a littéralement vidé de toute son eau en un clin d'œil.
    L'homme-insecte la dévisage, pétrifié.

    - Que que … ? -ksss- -ksss-
    Il est nerveux et ça se comprend. Thrace rejette une de ses mèches noires en arrière et reprend son souffle.
    - -Tha-. Tu t'en tires bien, c'est toi que je voulais tuer…tes chuintements me tapent déjà sur les nerfs. Mais j'y suis allée un peu fort avec ton pote alors c'est toi qui t'installes à table.

    L'autre ne réagit pas favorablement à sa requête et contracte ses deux paires de bras en sifflant avec un air qu'il espère sans doute menaçant. Thrace n'est pas impressionnée, elle se sent au sommet de sa puissance. D'un geste elle forme une petite boule d'eau entre ses doigts et l'envoie en direction du visage de son adversaire. Plutôt agile vu sa stature, il parvient à se baisser et évite le projectile. Du moins le premier. Les deux suivant se fixent sur lui comme des sangsues et commencent à lui tirailler les pores.
    Il se redresse, furibond et fait éclater sa rage animale. Sur un craquement poisseux, ses bras se fendent en deux sur toute leur longueur pour prendre l'aspect de pinces chitineuses qui claquent en cadence à mesure qui agite ses mandibules nerveusement.
    L'ondine réévalue la situation. Elle se penche et récupère le petit poignard au milieu de la poussière grise, le tenant à l'envers, la lame tout contre son poignet droit. La chitine acérée plonge, recule et crisse sans chercher à l'atteindre pour l'instant.
    C'est l'instant où les deux combattants se défient du regard pour s'envoyer à la figure une série de mots doux et d'exclamations plus ou moins viriles. La jeune tueuse décide de couper court à la parade guerrière et claque sa paume sur l'une des pinces. Prenant appui dessus, elle file un coup de botte dans la mâchoire de l'homme-insecte à lui en faire jaillir des étoiles dans les yeux et repart en arrière.
    L'autre s'ébroue et se rue en avant sans chercher à localiser son agresseur. Ce qui est d'une élémentaire stupidité…surtout face à une élémentaire justement. Lorsqu'il réalise qu'il ne fait que brasser de l'air avec ses membres surnuméraires, il se met à agiter la tête en tout sens, visiblement inquiet.

    - Où est tussshhhhh ??

    Thrace ne s'est jamais sentie aussi bien, c'est étonnant. Une nouvelle puissance s'est lovée en elle depuis qu'elle s'est nourrie du sang de l'autre petit homme. A moins que ce ne soit lié aux épreuves qu'elle a traversées. Totalement évaporée et invisible, elle se laisse planer aux frontières des perceptions de son adversaire. Une envie malsaine de jouer avec lui traverse son brouillard mais elle se contient. Elle est pressée.
    Elle se reforme silencieusement près de son arme tombée à terre lors du changement de phase. La lame du petit couteau se glisse avec une tendresse maternelle contre la gorge exposée de l'homme insecte. Quelque soit sa race, c'est nécessairement un point faible. Il se raidit sous la morsure froide et se met à chuinter plus lourdement. Thrace est contente d'être dans son dos et de ne pas voir se qui se passe devant, c'est probablement bavouillant.

    - Maintenant que les présentations sont terminées, on peut s'y mettre ?
    Il ne répond pas, se contentant de déglutir abominablement.
    - Che ne te dirait … KSSHHH !!

    Ivre de sa propre puissance, Thrace décide que finalement, elle n'a pas envie d'entendre plus longtemps cette voix déformée. Elle tire d'un coup sec sur la lame. Le métal mord avidement la chair corrompue. L'homme insecte s'écroule en avant inondant l'herbe fraîche de son sang impur. Elle repousse la carcasse mourante du pied et essuie son poignard sur la cape verte. Ses yeux noirs brillent d'un éclat diamantin. Sans qu'elle ne sache trop pourquoi, elle a l'impression d'avoir fait quelque chose de bien.
    La conséquence de tout ce bienfait ne tarde pas à se faire sentir sous la forme d'une nausée violente et soudaine. Oh ! Appuyée d'une main contre un tronc, Thrace tente de contenir les spasmes qui lui secouent les entrailles. Les hauts le cœur s'enchaînent comme des coups de tonnerre dans les tripes. Toute crispée elle finit par laisser échapper un hoquet, puis un autre, plus gras. Et finalement c'est une remontée de bile qui la force de se pencher rapidement pour ne pas souiller sa tenue. L'estomac vide, elle vomit une flaque blanchâtre, acide et répugnante.
    C'est toujours traumatisant de régurgiter quelque chose, mais ça l'est encore plus quand quelqu'un regarde.

    - Ca n'a pas l'air d'aller…

    Thrace sursaute et s'éponge les lèvres d'un revers de main. Un filet de bave collé au menton, elle reprend son souffle lentement, incapable de se défendre.
    C'est un vieil homme. Un du genre squelettique qu'on cache dans les placards pour faire peur aux gosses. Le mince sourire qui étire son visage ridé a l'air tout sauf aimable. Et pourtant, il n'attaque pas.
    Ramenant sa robe verte devant lui, il enjambe délicatement le cadavre poisseux de l'homme-insecte et foule aux pieds la poudre grise de l'homme-roc pour s'approcher de la fille d'eau luisante de transpiration.
    Pour avoir vécu une expérience pour le moins désagréable, l'ondine sait que les plus grands dangers du sidh se cachent parfois sous les atours les plus inoffensifs. Elle force sa voix à adopter un ton rogue :

    - Qui es-tu ? N'approche pas ! Je ne suis pas aussi faible que j'en ai l'air.

    En fait, la formidable sensation de puissance qui l'habitait pendant le combat l'a totalement désertée. Ca aussi c'est nouveau. Ce n'est pas la première fois qu'elle tue et jamais elle n'avait eu la nausée après coup. Elle ne peut pas non plus être enceinte, Grimm ne l'a pas … La jeune fille secoue la tête en se demandant au nom de quoi elle pense à ça MAINTENANT. Elle a trop forcé sur ses pouvoirs c'est tout. Pas étonnant qu'elle soit un peu patraque. C'est un retour d'adrénaline. Oui c'est ça.

    - Je suis un nécromancien, lâche t-il d'un ton badin.

    Pour le coup, l'adrénaline reflue. Elle en est quitte pour un nouveau sursaut qui lui fait dresser l'oreille. Une foule de questions et d'exclamations se bousculent dans son esprit mais elle décide de remiser toute cette ponctuation exubérante dans une cave fermée à double tour. Ce n'est pas le moment de s'extasier, il s'agit d'être mortellement concentrée.

    - Tu es donc venu pour m'utiliser…

    Son interlocuteur semble étonné de la répartie mais il ne dément pas. Thrace sourit faiblement avec un air résigné. Ses yeux s'ouvrent sur une forme d'ironie qu'elle n'est pas sûre de vouloir accepter à ce stade.
    Le vieillard croise ses mains dans ses larges manches avant de reprendre d'un ton tranquille :

    - Disons plutôt que j'ai un marché à te proposer.
    - Ah ! Tu ne perds pas de temps hein.
    - Nous sommes en territoire ennemi, se justifie t-il sur un ton d'excuse, feint à n'en point douter.

    La jeune fille tousse brutalement et crache à nouveau sur le coté. Une larme s'échappe de son œil droit. Mais c'est un regard résolu qu'elle darde sur son interlocuteur.

    - Tu es la tueuse de Mélanargie n'est ce pas ?
    - Pourquoi je te répondrais ?
    - Parce que (il hoche la tête comme pour ménager son petit effet) j'ai un moyen de te libérer de son emprise.

    Une paire d'yeux sombres s'arrondit de surprise. L'offre est alléchante. Mais elle cache forcément un cobra sous le gravier. L'autre se frotte le menton de manière évocatrice...évocatrice d'un certain nombre de douleurs physiques et morales en fait.

    - Ca ne m'intéresse pas.
    C'est à son tour d'ouvrir des yeux ronds. Il s'apprête à parler mais la tueuse l'interrompt d'un geste.
    - Quelque soit ta proposition pépé, je m'en cogne. Je vais finir mon travail et partir d'ici. Mélagie ? Connaît pas. (Elle écorche volontairement son nom pour les besoins de sa déclaration mais ne peut s'empêcher d'en éprouver une petite satisfaction).
    Là-dessus, elle tourne les talons et commence à franchir les buissons qui bordent le sentier.
    - Hey attends, attends !

    Elle pivote d'un bloc et lâche son couteau. La pointe acérée se fiche dans un tronc à quelques millimètres des yeux soudains inquiets du nécromancien. Excellent, le tir parfait.

    - Ne t'avise pas de me suivre pervers !

    Elle serre les dents pour lui montrer qu'elle ne plaisante pas. L'autre semble examiner un moment son rictus et une curieuse expression traverse son visage. Puis c'est un sourire en coin, qu'il dissimule trop tardivement de sa main pour qu'il échappe à l'ondine.

    - Très bien, très bien. Je te laisse…mais tu rates ta chance.
    - C'est ça. Fous le camp.

    Il s'incline avec un air faussement courtois et se retourne. Thrace ne lâche pas ses omoplates des yeux. Elle sent qu'il va ajouter quelque chose, les types dans son genre ne partent pas sur une courbette, c'est maladif. Il va s'arrêter et … ah ! Elle le savait !

    - Appelle moi quand tu ressentiras les premières douleurs. Je m'appelle Anaon. Tu n'auras qu'à crier mon nom.
    - Hein ?

    Évidement, il continue sa marche sans ajouter de précision sur ce dernier palindrome. Thrace fronce les sourcils avec un air de dire "Oh et puis merde, c'est toujours pareil". Elle récupère à nouveau son couteau planté dans l'écorce et le range à sa ceinture. Puis, relevant le menton, elle décide de continuer ses recherches décidément bien chaotiques. Seulement, décide t-elle, avec un tantinet de modération cette fois.
    L'ondine enjambe un buisson d'épineux et se fraie un chemin dans la forêt, suivant à distance le tracé du sentier sans l'emprunter pour autant. Si c'est une voie de patrouille, elle mène forcément quelque part.

    Ce quelque part ne manque pas de la laisser perplexe. Parcourue d'impulsions bien humaines, Thrace se retrouve à mâchonner une mèche de ses cheveux sombres tout en triturant la poignée de sa seule arme terrestre à disposition.
    Le fort a l'air costaud. Une construction massive, robuste et ancestrale. De la vieille pierre rehaussée de piques, de torches et de casques brillants sous lesquels on trouve sans doute des sentinelles en faction. Ca ne ressemble pas au palais du Gardien, mais c'est suffisamment imposant pour receler une quelconque importance aux yeux de la population du sidh.
    Thrace ne tarde pas à remarquer les capes vertes qui patrouillent régulièrement au pied des murailles. Encore des hybrides humanoïdes, formes confuses qui laissent parfois émerger un pied, un bras, une griffe ou une corne. Que peuvent-ils être ? Les deux qu'elle a massacrés n'étaient pas si puissants qu'ils en avaient l'air. S'il est possible de les tuer, il l'est sans doute encore plus de les berner.

    Temps de l'action. L'ondine se faufile à plat ventre entre les herbes, pétrissant les tendres mottes dans ses doigts gantés lorsqu'un garde difforme s'approche un peu trop près ou s'immobilise dans sa trajectoire. Sa respiration laisse échapper des petits nuages de vapeur. Mauvais ça…et surtout inattendu par cette chaleur !
    Interloquée, elle remarque alors que la température est en chute à en raidir les brins d'herbes comme de la paille craquante. Trop absorbée par son infiltration, elle n'y a pas pris garde. Le froid s'insinue dans ses membres comme un prédateur patient, dévorant ses muscles par petites bouchées tranquilles. Une protection magique ou un environnement favorable aux hommes-bêtes. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne sera pas avantagée en cas de combat. Il vaut mieux rester discrète…

    - Pôôôôôôôôôôm – Le bourdonnement sourd d'un cor résonne dans l'air glacial, faisant vibrer les os de l'ondine médusée. On s'agite sur le fort ! D'autres alarmes retentissent, des pas hâtifs s'avancent dans les herbes crissantes de gel. Thrace n'a que le temps de rouler sur le coté dans une petite dénivellation pour éviter d'être repérée. Ce n'est pas pour elle, elle en est convaincue, et pourtant la jeune tueuse ne peut s'empêcher d'éprouver un pincement au cœur lorsque les gardes verts passent juste à coté de sa cachette. Que se passe t-il ??

    Elle perçoit le sifflement caractéristique d'une volée de flèches qui passe largement au dessus de sa tête. Ca se passe près des bois qu'elle vient de quitter. Thrace risque un œil en arrière et n'entrevoit que des mouvements imprécis, voltigements de capes et gestes saccadés. Les hommes-bêtes grognent, soufflent ou sifflent selon les cas. Certains lâchent d'abominables jurons et bientôt, quelques uns s'éloignent la mêlée en sautillant. Assez proches pour les oreilles de l'ondine.

    - … des illusions. Traaaah.
    - Groooh … tapok !
    - Je pense aussi. Saletés, j'ai pris un coup de mâchefer dans les reins à cause de ça.
    - Etok, bok fok nok.
    - Bien capitaine.

    Le premier s'éloigne encore de quelques pas et porte une petite corne à ses lèvres. Sa cage thoracique se gonfle, puis se vide…pour se regonfler à nouveau de manière démesurée, soulevant plusieurs plaques de son armure de cuir qui se craquent. L'homme déformé par ce ballonnement grotesque relâche son souffle dans la trompe qui émet sa complainte sourde en direction du fort. D'autres appels lui répondent selon une séquence apparemment définie.

    - Il se passe quelque chose de l'autre coté ! Un intrus.
    - Kok !
    - C'était prévisible.

    Le taureau bipède qui semble diriger le groupe pousse une beuglante pour ramener ses gars. Toute la troupe radine vers le fort au pas de course. Quoique certains volètent à ras le sol. Les gardes verts disparaissent à l'angle des fortifications, laissant l'ondine libre d'agir à sa guise.
    Etonnée mais bien décidée à utiliser cette opportunité pour percer le mystère de ce fort, Thrace relève prudemment la tête. Il reste quelqu'un. Une silhouette mince probablement laissée en arrière pour surveiller ce flanc. Elle lui tourne le dos, la position idéale. L'ondine se relève souplement et dégaine sa petite lame sans bruit. Un pas après l'autre, elle s'approche. Sa cible ne bouge pas, absorbée dans ses scrutements. Elle ne remarque la présence de la tueuse qu'au contact glacial de la lame contre sa gorge.

    - Pas un cri.
    C'est avec un certain étonnement qu'elle remarque que c'est une femme. Contrefaite et hérissée d'étranges pointes mais bel et bien féminine.
    - Ne…me tue pas…
    Le ton est implorant, presque larmoyant. Thrace décide d'exploiter cette faiblesse pour obtenir quelques informations.
    - Qu'est ce que c'est ici ?
    - Si tu ne le sais pas…qu'est ce que tu fais là ??
    - Réponds !

    Elle ponctue son interjection en accentuant la pression sur la gorge gracile. Sa main libre attrape le menton de la fille pour lui faire tourner la tête. De profil, elle ressemble à une gamine aux yeux démesurés. Plusieurs aiguilles jaillissent de ses pommettes et de son front comme une éruption cutanée dégénérescente. Un brin dégouttée, Thrace relâche sa vigilance. Pas longtemps, peut-être une seconde…mais suffisamment pour que l'autre le remarque et agisse.
    L'ondine lâche un cri lorsqu'elle sent une dizaine d'échardes s'enfoncer dans sa chair. Un filet de sang s'échappe de ses lèvres, elle titube en arrière, lardée de part en part.
    La fillette rétracte les aiguilles qui viennent de fleurir sur son dos, lacérant sa propre cape pour punir la tueuse. Elle se retourne avec un air chagriné sur le visage, presque naïf. Quelques raides mèches vertes s'échappent de sa capuche pour encadrer son visage enfantin.

    - Les intrus doivent mourir, explique t-elle sur un ton patient.

    Un genou à terre, Thrace relève la tête et expédie son arme d'un geste fluide en direction de cette innocente frimousse. Les yeux déjà disproportionnés s'agrandissent encore lorsque la lame pénètre dans son front avec un bruit mat. La fille bascule en arrière. L'ondine se relève, une main pressée sur son ventre douloureux. Les dents serrées, elle tente de contenir les gémissements qui se bousculent dans sa gorge, entrecoupés de quintes de toux douloureuses.
    Son regard passe de la forme inerte de ce nouveau cadavre à la présence massive du fort dans son dos. Elle ne sait toujours pas ce qu'il y a là dedans malgré ses efforts de subtilité manifestes. Qu'est ce qu'elle y peut si les hommes-bêtes choisissent toujours la voie ardue ?! Saloperies.
    Son instinct la prévient un battement de cil avant, elle plonge au sol. Les pointes enchevêtrées lui frôlent le haut du crâne, emportant une mèche de ses cheveux au passage. Malgré la douleur, Thrace fait un effort pour rouler à terre et se relever face à son adversaire.

    - Tu…n'es pas morte.
    La gamine sourit gentiment et hoche la tête.
    - Et non !

    Du doigt, elle désigne une aiguille sur son front. Est-ce qu'il y en avait une ici avant ? Oh. L'ondine réalise ce qu'il s'est produit avec un frisson glacé. Comme pour confirmer son soupçon, la fillette ajoute avec sa voix fluette :

    - J'aime les choses pointues.

    La dessus, elle écarte les bras et se pique d'un expression démentielle. Son sourire enfantin ne parvient plus à atténuer la folie meurtrière qui habite à présent ses grands yeux verts. Des dizaines…peut-être une centaine de pointes émergent de son corps, déchirant le tissu de ses vêtements.
    Thrace recule d'un pas. Elle n'a plus d'arme et elle ne se sent pas assez en forme pour retenter le même coup qu'avec l'homme-rocher.

    - Et merde…
    - Je vais te tuer.

    Comme si son objectif n'était pas assez clair ! Elle lui parle comme le font les enfants, avec une pointe d'allégresse. L'ondine recule encore, les mains légèrement écartées sans trop savoir quoi en faire. C'est à son tour d'implorer pitié ? Pas question. Elle connaît les risques du métier. Mais quand même, par une gamine…même monstrueuse, ça flanque un coup au moral.
    Cette dernière s'avance au rythme de la retraite de son adversaire. Un pas après l'autre, piquetant la terre d'innombrables trous. Et subitement, elle s'arrête avec une intense douleur en travers des traits. Tout sens en alerte, Thrace ne bouge pas un muscle. Dans son dos, une intense clameur monte de la forteresse. Des cris, de la stupeur…et sans doute des tremblements.
    La fillette n'est pas indemne de cette terreur. Elle veut porter une main à son cœur, ce qui est dommage vu qu'elle s'empale elle-même sur ses pointes.
    Du sang s'écoule de ses lèvres agitées de frémissements chaotiques. Elle se met à pleurer comme une enfant apeurée. Tombant à genoux aux pieds de son adversaire.

    - Le cœur…le cœur !!

    Elle bascule la tête en arrière et se martèle la poitrine frénétiquement de ses petits poings hérissés, s'arrachant des lambeaux de chairs sanguinolents qui voltigent dans l'air. Elle pleure, hoquete et finit par pousser un cri déchirant avant de tomber en arrière.
    L'ondine se penche prudemment. Elle a l'air morte. Sa main caresse délicatement ce visage d'enfant sans comprendre. Dans ces grands yeux à jamais figés, on lit de la souffrance, une tristesse insondable, mais aussi la colère.
    Qu'est ce qu'il se passe ici ? Il faut entrer dans cette baraque maintenant ! Une nouvelle résolution se peint sur le visage écorché de l'ondine. Thrace attrape une aiguille particulièrement épaisse et la casse au niveau de la base. Pas très solide mais ça fera l'affaire. Elle n'éprouve pas de compassion pour l'enfant-hérisson mais un certain malaise s'est glissé sournoisement sous sa peau.

    Thrace escalade la muraille sans peine et enjambe le parapet souplement. Toutes les sentinelles sans exception sont avachies contre les moellons. Des expressions terribles, des postures inquiétantes. Quelque chose souffle à l'oreille de la jeune fille que le nécromancien n'y est pas pour rien. D'abord des illusions, et maintenant ça…c'est l'œuvre d'une sorcellerie de mort.
    Un bruissement de vent fait grésiller les torches. L'ondine frisonne dans le froid intense qui règne à ce niveau. Elle s'engage prudemment dans un escalier tournant pour rejoindre les profondeurs de la construction.

    Il n'y fait pas plus chaud et la rumeur sourde de la mort s'ajoute aux frissons glacés qui agitent Thrace. Elle enjambe encore une paire de cadavres surpris par la faucheuse en pleine embrassade apparemment. L'homme aux lèvres déjà bleuies serre contre lui une jeune femme d'une incroyable beauté. Cheveux blancs, yeux clairs…elle ressemble un peu à Mélanargie. Mais avec cet aspect contre-nature conféré par les canines et oreilles pointues. Quand à son compagnon, plus brun et plus trapu, il lui rappelle quelqu'un d'autre. Hormis pour les plaques d'os qui lui couvrent le bas de la mâchoire et les deux mains.
    Pétrifiée, elle récupère la cape de la jeune femme et se la passe autour des épaules pour tenter de se réchauffer. Elle fait mine d'ignorer la tunique de lin écrue qu'elle révèle en faisant cela. Encore un rapprochement avec sa nécromancienne favorite. La scène arrache une grimace à la tueuse. Les présages existent et sont valables dans le sidh. Les bons comme les mauvais. Haussant les épaules, elle pousse la porte du corps de garde et pénètre dans une salle obscure.

    Sa main crispée autour de l'aiguillon de la gamine, elle passe entre des tables massives encore chargées de nourriture. Son estomac se manifeste bruyamment mais Thrace résiste à la tentation. Il ne faut pas consommer de nourriture provenant de ce monde. Il ne FAUT pas. Elle serre les dents et passe dans la pièce suivante en bousculant un gobelet renversé du bout du pied.
    Encore le spectacle de la mort implacable. La buveuse de vie a étendu ses ailes noires sur le fort pour embrasser tous les guerriers d'une seule étreinte. Ici, hommes et femmes sont recroquevillés dans les coins, certains encore agrippés à des pièces de mobilier. Aucun n'a pu tirer ses armes. L'un d'entre eux a renversé un brasero, s'immolant au passage ainsi qu'un autre de ses camarades. L'odeur de la chair grillée lui donne l'eau à la bouche. Elle fronce les sourcils pour rabattre cette pulsion répugnante mais –hélas- bien naturelle chez les humains. Cette ambiance lourde commence à faire son œuvre. Les nerfs à fleur de peau, l'ondine avise une petite porte qui s'enfonce plus profondément sous la surface.

    Elle poursuit sa progression, resserrant les pans de sa cape autour de sa poitrine. Le simple fait de sentir les battements de son cœur se transmettre à sa main lui procure un certain apaisement. Comme une bravade, un défi jeté à la face de la mort omniprésente qui ne l'a pas saisie entre ses griffes comme tous les autres. Pourquoi d'ailleurs ? Est-ce sa nature qui l'a sauvée ? Tous ces guerriers de la forêt partageaient-ils un lien particulier ? Le mystère est épais et Thrace n'est pas sûr de vouloir patauger dans la mélasse.
    Mais maintenant qu'elle est ici, elle ne va pas reculer. Pas son style.

    Elle descend une volée de marches et tourne à l'angle d'un couloir tortueux. Et subitement, la lumière afflue. Rougeoyante comme les flammes de l'enfer, elle semble émaner des murs eux mêmes. Thrace avance encore le long d'une arche jetée au dessus d'un abîme sans fond d'où semble provenir un souffle glacial. Ses bottes dérapent sur la pierre verglacée, l'amenant parfois dangereusement près du gouffre insondable. Elle raffermit ses prises et parvient à l'autre extrémité sans d'autre encombre que quelques sueurs froides.
    Alors qu'elle franchit une herse relevée, l'ondine se fait la réflexion qu'elle touche sans doute au cœur même du secret refermé par la forteresse. Habituée au silence sépulcral, elle manque de crier lorsqu'une main lui attrape le bras. Elle se rebiffe et darde son aiguillon devant elle.

    - Hey ! Du calme, c'est moi.
    Moi ? Thrace ne connaît personne ici.
    - Tu avais deux cœurs ? Quelle chance. Nous sommes si peu nombreux à avoir subit l'opération…
    - Je…

    Pour le coup, elle ne sait pas trop quoi dire. Son regard se perd le long du bras qui la tient toujours pour tenter de dévisager son propriétaire rencogné dans les ombres. Ce dernier percevant sans doute son trouble s'avance d'un pas dans la lumière maladive d'une torche rescapée.
    C'est un humain, apparemment normal…enfin non. Il n'a pas de peau. Tous ses muscles, ses tendons et certains de ses cartilages sont visibles. Sa tête est surmontée de cinq cornes qui s'alignent comme une couronne osseuse. Il est plutôt costaud à ce qu'elle en voit et très effrayant. Sa mâchoire inférieure s'abaisse lentement lorsqu'il reprend la parole d'une voix caverneuse :

    - Je suis Kernal. On ne se connaît pas tiens…tu étais en poste à la surface ? Quel est ton nom petite sœur ?

    La cape ! Ce bougre la prend pour une des leurs à cause de son accoutrement. Il est vrai que c'est le seul trait commun qu'ils partagent. Fidèle à sa nouvelle résolution, Thrace opte pour la subtilité.

    - Je m'appelle Thrace. J'étais dehors quand…tout ça est arrivé.
    - Bien. Tu as bien fait de descendre. La plupart des seigneurs comme moi doivent avoir survécus et il doit rester quelques rescapés de ci, de là. Peste soient les thuadènes !! A cause d'eux nous sommes décimés !

    Thrace sursaute. La dernière interjection lui fait ouvrir des yeux ronds. Ces monstres ne sont pas des thuadènes, ni leurs créatures ?! Qu'est ce qu'ils fichent dans leur domaine ?
    - Heu…Seigneur Kernal ?
    - Appelle moi juste Kernal.
    - Je ne me souviens pas bien…j'ai mal à la tête. Pourquoi suis-je en vie ?

    L'écorché la dévisage attentivement. Sa main passe sur son visage et se pose sur la poitrine de l'ondine, juste entre ses seins. Elle ne remue pas, ne sachant si c'est bon signe ou pas. Finalement, il rétracte ses doigts griffus et les porte devant sa mâchoire dépourvue de lèvres.

    - Etrange, je ne sens pas la présence de ton cœur originel. Ton essence ne m'est pas familière mais tu n'es pas une thuadène j'en suis sûr. Se pourrait-il que l'on t'ai greffé un cœur étranger petite sœur ?

    Elle patauge en eaux opaques, consciente que le moindre écart sera fatal à son camouflage. Le dard qu'elle retient dans son poing fermé lui semble bien frêle en comparaison de toute cette musculature pulsante qui se contracte et s'étire sous ses yeux. Elle tente de bluffer en se basant sur le peu qu'elle sait.

    - Je … je ne sais pas seigneur. Nous n'avons pas tous eu la chance d'être opérés alors j'ai…
    - N'en dit pas plus, j'ai compris.

    Il l'attrape par les épaules et pointe ses incisives à quelques millimètres de son visage. Thrace retient son souffle. Sa main droite commence à remonter lentement. Peut-être qu'un coup bien placé dans la poitrine pourrait le foudroyer…

    - Tu t'es greffée toi-même un cœur d'animal n'est-ce pas ?
    Il prend son silence pour un aveu coupable.
    - C'est très dangereux et audacieux. Ca m'étonnait aussi qu'un de nos soldats de la surface ait pu bénéficier de cette chirurgie. Je suis surpris que tu sois encore en vie…il faut croire que tu as eu beaucoup de chance.

    La relâchant, il lui tapote familièrement l'arrière train et la fait avancer.

    - Allons y petite sœur, il faut se regrouper pour organiser la traque. Nous allons dépecer ce voleur avec tout le raffinement qui s'impose.
    - Un voleur ?
    - Oui. Absolument.

    Talonnée par ce redoutable monstre rouge vif, Thrace n'a d'autre choix que de s'enfoncer plus profondément dans les souterrains.
    « Et si...on s'évadait sur un caprice ?Chapitre 22 : Le Goût des Gouttes du Doute »

    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    O-Ren-Kimi Profil de O-Ren-Kimi
    Mardi 15 Décembre 2009 à 11:04
    aaaaah un chapitre avec Thrace! :) mais j'ai que des questions qui se bousculent dans ma tête!!!
    C'est quoi ces douleurs qu'elle doit ressentir?? Tu lui as fait quoi a ma Thrace!! Et c'est qui ce nouveau nécromancien Anaon? Et Kernal il est quoi???? (bon je me doute que même sous la torture tu ne parleras pas....tssss...j'attends ok^^)

    J'adore tes combats, ils sont tous differents selon les perso avec le rocher ou la jeune fille etc c'est un vrai régal.
    Et puis au plus l'histoire avance au plus ça se corse et le monde s'enrichit de creatures de plus en plus étranges, de paysages et lieux encore plus étranges et tout ça fait une toile super agréable.
    En plus maintenant à ce niveau de l'histoire, on peut même ressentir les perso principaux et t'arrives à me faire vivre l'histoire à travers ses yeux, pas en simple lectrice ou spectatrice, mais dans la peau de Thrace ou des autres et j'adore ça^^.

    Je crie ou tu commences à me connaitre et savoir quelle va être ma phrase suivante? ^^
    2
    Sakutei Profil de Sakutei
    Jeudi 17 Décembre 2009 à 18:21
    :D

    Ah ce passage était un vrai plaisir pour lâcher un peu la bride à mon imagination. D'ailleurs je pense continuer sur cette lancée, histoire d'en profiter un peu, hé hé.

    Bientôt nous verrons qui est Anaon (et ce que veut dire son nom). De même que Kernal va prendre une certaine dimension dans le chapitre 23, à paraître sous peu ^^.

    Merci Akemi :)
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :