• Evasion à demi-mot

    Un ton de blanc sur une page noire. 

    Pas grand chose en somme...

    juste

    quelques traits.

    Et pourtant,
    une respiration dans le champ des possibles et déjà toutes ces bougies sont éteintes.  Les ratés,  les perdus, les délaissés, tous ces choix qui partent en fumée.  Dis leur au revoir petit frère. Salue cette pagaille de possibles qui s'étiolent sous tes doigts à mesure que les lignes se tracent et tissent le cocon qui sera le notre.

    Ils évoluaient libres et insouciants, mais il a suffit d'un tapotement impatient de l'index pour les cristalliser. Quelques élus seulement parmi tant de candidats. Et les autres ? Rejetés, ignorés voir totalement inconnus, ils ne sont que poussière de pensée perdue dans le néant.

    Penchons nous un instant pour recueillir ces mots orphelins au creux de la paume. Regarde petit frère ! Ils s'égrainent et glissent entre mes doigts comme le sable fin et cendré d'une plage en automne. Ils n'existent déjà plus, et pourtant, il y a seulement quelques instants, ils palpitaient d'impatience à l'idée d'être couchés sur cette page noire.

    Car c'est ainsi qu'ils accèdent à l'immortalité. Sache le petit frère, leurs ailes sont frêles et éphémères.  Voilà l'existence furtive d'un son créateur.

    Echafaudés par de brillants esprits ou proférés voix basse dans des couloirs obscurs les mots s'envolent. Ils rebondissent, résonnent, consonnent ou voyelle. Parfois, ils s'écorchent, trébuchent ou buttent sur une langue pâteuse. Ils charrient les sentiments et les ententes. Ils nouent les serments et trament des complots. Même susurrés au creux d'une oreille, ils déchirent le silence avec audace. Dociles, ces messagers de l'instant se laissent apprivoiser au gré des convenances. Arme ou caresse, ils peuvent revêtir tour à tour l'éclat de la lame ou la saveur d'un soupir.

    Regarde les petit frère et révère les. Ils sont nos gardiens et nos destructeurs. Ils sont là. Enlace les et relie les pour former cette trame. Glissons nous entre leurs pattes agiles pour mieux échapper à la réalité.

    Une fois que nous seront passés, ils se refermeront comme la banquise paisible. Viens, donne moi la main et partons d'ici...
    « Le retour de l'HiverExcision par exorcisme. »

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  • Commentaires

    1
    Sakutei Profil de Sakutei
    Mardi 25 Août 2009 à 01:05
    J'ai écrit ce texte il y a longtemps, mais je ne l'ai jamais publié, éternel insatisfait. Et puis que ce soit parce que j'ai changé ou parce que le recul me permet de mieux l'apprécier...le voici, presque inchangé.

    Il faut savoir que j'écris en blanc sur noir ;). Et à cette époque, j'avais de grosses crises d'insipiration...d'où ce petit interlude sur les mots.
    2
    Mikhi
    Vendredi 28 Août 2009 à 19:47
    Rien à redire si ce n'est que c'est magnifique comme texte...
    Khiss
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