• l'Hiver de l'Homme

    Victoire !
    L'Archidémon Zalnash est mort. Le monde est à jamais libéré du mal pur. Finalement c'était facile. Les héros aux muscles huilés rengainent leurs lames sacrées. Dans les villages, on parle de récoltes, de moissons et de semis. Le cycle de la vie se perpetue.

    Oh... et bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ?

    Et bien il reste des germes démoniaques par ci par là. Des rescapés, des secondes mains. Du menu fretin en quelque sorte. Mais sans ceux là, est-ce que le grand jeu de la vie en vaudrait encore la chandelle ? Il y a parfois des équilibres qui ne demandent qu'à basculer d'un coté ou de l'autre.

    Pour Quintus, c'est sans aucun doute le cadet de ses soucis. Car à présent, c'est un homme traqué. Et la menace qui pèse sur ses talons pourrait bien renverser la situation. Mais au fait, quelle est la situation ?

    Premier Fragment Huitième Fragment Quinzième Fragment
    Deuxième Fragment Neuvième Fragment Seizième Fragment
    Troisième Fragment Dixième Fragment Dix-Septième Fragment
    Quatrième Fragment Onzième Fragment Dix-Huitième Fragment
    Cinquième Fragment Douzième Fragment Dix-Neuvième Fragment
    Sixième Fragment Treizième Fragment Vingtième Fragment
    Septième Fragment Quatrozième Fragment Vingt-et-unième Fragment
  • L'Hiver de l'Homme


    Paré en hiver. Les derniers jours de l'automne s'enfuyaient dans les rayons lointains du couchant. Ce soir, le feu qui crépitait dans l'âtre fumant était à peine suffisant pour réchauffer les orteils de Quintus. Un froid sournois et envahissant avait pris possession de son être. Le genre de sensation glaciale que l'on ne connaît que deux fois dans sa vie : lorsque l'on perd pour la première fois un être cher, et lorsque l'on fait à son tour connaissance avec la faucheuse.

    Vautré dans un fauteuil en noisetier, le paisible gaillard était emmitouflé dans une couverture de laine écrue. Ses yeux d'un gris délavé considéraient la cheminée avec une expression distante. Sur le coté, une modeste chope cerclée de métal attendait patiemment que des lèvres veuillent bien s'apposer amoureusement contre le rebord rugueux pour écluser son contenu noirâtre. De toutes les bières qu'il avait goutté au cours de son existence, la Bélier du Diable était sans doute la plus râpeuse et la plus amère. Ce breuvage épais et crémeux lui filait à chaque fois une bonne claque dans le dos accompagnée de frissons irrépressibles. La première fois, il avait manqué de s'étouffer, mais à présent, tout au plus esquissait-il une grimace congestionnée. En fait, la véritable surprise provenait des étranges morceaux plus ou moins filandreux qui apparaissaient de temps à autre entre deux gorgées prudentes. Sans doute un secret de fabrication jalousement gardé…dont Quintus n'avait rien envie de savoir d'ailleurs. Il avala une lampée de ce liquide intriguant, ce qui eut le bénéfice de l'arracher à sa méditation morose. Il se racla la gorge deux trois fois pour évacuer les dernières traces d'amertume qui logeaient contre ses papilles. Et comme à chaque fois qu'il en buvait, sa langue prit une étrange consistance pâteuse. Quand on avait goûté (et survécu) à la Bélier, on avait plus jamais envie de boire autre chose. Oui, sans aucun doute la meilleure bière qu'il eût connue. Une bière unique et exigeante.

    Quintus reposa sa chope et relut le message qu'il gardait chiffonné dans sa main. A nouveau, son visage s'assombrit. Il rejeta la couverture et fit quelques pas dans la pièce jusqu'à la fenêtre quadrillée de barreaux épais. Le message tournait et retournait dans son crâne.

    "Zalnach est mort, Le Chien vient te chercher"


    Quelques mots seulement qui venaient de sceller son destin. Pas de chance lorsque l'on est déjà soit même scellé dans une prison. Bon, une geôle une peu particulière il faut le reconnaître. Et les moine-soldats de Haral n'étaient pas les pires gardiens qui soient.

    N'empêche…pas question d'attendre patiemment ici que Le Chien vienne lui mordiller les fesses. Même les murs épais du monarquement ne seraient pas une protection suffisante. En fait, il y a même fort à parier que ses geôliers ne s'opposeraient même pas au châtiment que lui réservait son ennemi. Quintus fit quelques assoupissements et grommela de sa voix rendue rugueuse par la boisson :

    - " Bon la chasse est lancée…première étape : quitter cet endroit."

    Il se rendit vers son lit et tira le meuble hors de son logement. Derrière, il enleva la classique pierre qui dissimulait la classique cache dans le mur. Rien de très original, mais comme on dit : "les vieux trucs restent les meilleurs trucs". Quintus jeta un œil, tout était là. Il aurait été un bel idiot de ne pas anticiper ce jour...

    A ce moment quelqu'un frappa à la porte. Par pure politesse plus que pour demander la permission d'entrer sans doute (c'était une prison après tout) car la porte s'ouvrit aussitôt.

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