Septième Fragment :
Quintus sentit une larme rouler malgré lui sur sa joue rugueuse. Elle ne tarda pas à givrer d'ailleurs. Xyla est morte... Bien sûr, Xylarm était là, mais ce n'était pas la même chose. La pétillante et intrépide jeune fille connue sous le nom de Xyla était définitivement perdue. Il rencontra une nouvelle fois le regard triste de la tueuse. Le Chien en était responsable. Quintus poussa un soupir étrangement rauque. Même les démons peuvent avoir des sentiments. Il essuya cette manifestation de tristesse complètement inhabituelle et se reprit. Il n'avait plus faim à présent. Certaines chose ont le dont de vous couper l'appétit.
- Fichons le camp d'ici.
- Je t'attends Quintus.
Les deux fugitifs quittèrent la cuisine et reprirent l'escalier en colimaçon vers le bas. Tout en courant vers les étages inférieurs, Quintus ruminait. Affronter l'homme qui avait défait Zalnash était évidement hors de question. Le simple fait de l'envisager était d'une stupidité crasse à bouffer de l'avoine par sacs de cent kilos. Il ripa sur une marche gelée et se rattrapa de justesse au mur. Cavaler avec la reine des glaces n'était pas des plus confortables. Et ce n'est pas très discret non plus, remarqua t-il en observant les nuages de flocons qui les accompagnaient.
Alors qu'ils atteignaient le rez-de-chaussée, ils tombèrent nez à nez avec une bande de moinillons qu'on avait probablement envoyé en reconnaissance.
- Pourfendez les démons mes frères !
Le chaos se déchaîna. Xylarm empala le premier homme avec ses lames de poignets et le rejeta au milieu de ses compagnons. Quintus nota au passage qu'elle pouvait contrôler la taille de ses griffes à volonté. Les allongeant jusqu'à pouvoir traverser un corps. Pratique. De son coté, il sauta dans la mêlée, selon sa subtile méthode habituelle, frappant, mordant, jurant et soufflant comme un démené. Les blessures généreusement offertes par le Gardien étaient douloureuses mais pas insurmontables.
Il dévia un poing et répondit par une manchette sévère. Un os craqua, quelqu'un hurla. Quintus se sentait bouillonnant d'une énergie nouvelle. Une rage qui l'habitait en sourdine depuis qu'il avait appris la mort de Xyla. Ne pouvant faire payer le responsable, rien de tel que de se défouler sur des innocents. Il envoya son pied dans un entrejambe et tordit un bras malingre. De son coté, Xylarm était beaucoup plus stylée dans son combat. Elle agrippa une jeune guerrier à peine sortit de l'enfance par le col de sa bure et lui souffla longuement au visage comme un baiser d'adieu. Ce qui fut le cas. Les traits du jeune garçon se figèrent sous l'effet du froid pénétrant. Sa peau prit une vilaine teinte bleue. Alors, les muscles de son visage se déchirèrent, laissant suinter un sang épais qui se figeait à peine sorti des plaies. Les coupures se multipliaient en crissant désagréablement. Puis la tête du novice éclata. Purement et simplement. Comme un verre que l'on briserait.
Le reste de la petite troupe fut sans doute pris de ferveur en voyant cela et se dépêchèrent d'aller prier dans un coin sombre et discret. Ils détalèrent sans demander leur reste (ou plutôt leurs restes). Quintus se lança à leur poursuite mais il fut vite arrêté par une poigne glacée.
- Nous ne sommes pas ici pour nous amuser.
Quintus grommela quelque chose avant de se rendre à l'évidence. Il serait tout aussi futile que suicidaire d'aller joyeusement trucider toute la population du monarquement juste pour se passer les nerfs. Autant se porter à la rencontre du Chien directement.
- Bon mais comme va t-on sortir ? Si les autres nous attendent dans la cour intérieure, je vois mal comment on va pouvoir passer.
Xylarm répondit par un petit rire juvénile.
- Tu n'es pas beaucoup sorti ces derniers mois, n'est ce pas ?
Quintus fit la moue (une expression qu'il affectionnait beaucoup).
- T'étais pas au courant ? J'étais en pénitence à ce qu'il paraît.
- Tu es si mignon quand tu te mets en rogne comme ça.
La démone aux lames désigna alors une porte bardée d'acier sous l'escalier. Quintus ne releva pas sa dernière remarque et se dirigea vers le panneau massif pour l'ouvrir. Quelle surprise ! Il était fermé. Xylarm s'avança et posa sa main fine contre la serrure métallique. Une étoile de givre se forma autour de sa paume, donnant à l'austère porte un coté artistique imprévu. Puis il y eut un bruit de cassure net, suivi par un raclement et quelques cliquetis aléatoires.
Quintus poussa la porte et contempla la suite de l'escalier qui descendait dans les entrailles du monarquement. Une sorte de respiration rauque pulsait en sourdine dans les ténèbres.
- Est-ce qu'on est sûr que c'est une bonne idée ?
- A tout point de vue…à moins que tu ne préfères un baroud d'honneur face aux fanatiques de l'Oeil.
- Me voilà rassuré.
Quintus s'engagea dans l'ouverture et entama la descente dans le noir le plus complet. Les degrés se succédaient les uns aux autres sans qu'il semble y avoir de fin. Bientôt, il en perdit la notion du temps. Où pouvait donc descendre ce foutu escalier ?
Tags : quintus, xylarm, homme, escalier, fut
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