• Trevor, des contrefaçons.

    Nom humain :
    Tristan Evornet

    Age ou date de naissance :
    2003

    Lieu de naissance :
    Sur un banc fait de lattes en bois, au mauvais milieu de blouses sales, tout près, beaucoup trop près du réacteur nucléaire de la centrale

    Personnalité, caractère (qualités et défauts) :
    Syncope sans anicroche qui contre le temps. Trevor arpente le grand échiquier de la vie au rythme de la danse qui lui martèle les tympans.
    Petits pas frottés, claquements de doigts, balancements des hanches, il bondit d'une case à l'autre en suivant ses impulsions. Perturbateur de la grande Partie, refusant le modeste rôle du pion, il s'est de lui même accordé le pouvoir de changer les règles pour les autres.
    A l'occasion, il n'hésite pas à croquer un morceau du damier pour mieux se délecter des coups du destin. Mordre à pleine dents dans un fou juteux pour sentir sur la langue la saveur salée de ses larmes. Désarçonner le cavalier pour s'emparer de sa monture et aller ravir la reine du bal. Trevor appartient à cette espèce d'individus dont la seule passion réside dans le plaisir de risquer le tout pour le rien.

    Insouciant par nature, hâbleur par caprice, méchant par opportunisme, il cueille le jour et la nuit en emportant les racines. Délicat bouquet floral que sont pour lui nos hésitations et nos erreurs ! Une plainte résonne au fond d'une cave ? Il la transcrit sur une partition en clé de sous-sol. S'il perçoit une peine de coeur, il l'épingle à sa boutonnière pour en humer la senteur. Il n'y a pas d'heure pour savourer le malheur !

    Tricheur, menteur, tueur, s'il passe son tour, c'est pour mieux le jouer sur une valse macabre. Irrévérencieux, intolérable capricieux, il barbote la barbe de l'abbé pour éberluer les bambins.
    Buveur de sang, croqueur de songe, il se moque de tout et surtout, envers et contre tout et par dessus tout des conséquences. Il tue le matin pour un chagrin, il tue le soir pour une baignoire. Il capture votre vie au fond d'une bière mousseuse mais peut tout aussi bien inviter la faucheuse dans votre lit à minuit. S'il ne ravit pas votre coeur par un as de pique ou un double six, il l'arrachera dans l'odeur de la poudre et du vent. Mais s'il se pique d'aimer la mort artistique, n'allez pas le confondre avec quelque sadique.

    La Veuve Clicquot rit, la Veuve Noire sourit. Bel effort, mais leurs rictus pitoyables n'égalent pas le sempiternel air crâne de Trevor.


    Histoire :
    D'emblée marqué par le sort, Trevor est né avec la mort pour marraine. La scène en elle même mérite le détour, tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir poussé son premier cri dans le vestiaire miteux d'une centrale nucléaire. Bienvenu dans le 21ième siècle petit ! En entrée, laissez moi vous tenter avec ce petit canapé radioactif...à moins que vous ne préfèreriez boire cette coupe fluorescente jusqu'à la lie ?
    Bon appétit ! Haaaa, l'ivresse de la jeunesse...l'organisme du nouveau né est comme une petite boule d'argile fraîche. Telles des fées nucléaires, les Gigabecquerels se bousculent au dessus du berceau pour offrir leur bénédiction. Poigne de fer dans un gant de crin, leurs doigts gourds ont tôt fait de laisser leur marque et la pâte à modeler de Tristan s'en trouve irrémédiablement altérée. Comme s'il l'on avait donné un solide coup de poing dans un miroir.

    De cette entrée en scène, le jeune Evornet gardera une constitution fragile, un esprit dérangé et des cheveux d'une étrange teinte bleue. Un bleu qui s'avère changeant au gré de ses humeurs, pouvant même devenir iridescents lors de ses grands moments. Plutôt difficile pour draguer, mais en tout cas un sacré souvenir à raconter au copains !

    Mais de copains il n'en a pas. En fait, son esprit en mosaïque lui fait formuler des phrases fragmentaires. Difficile de se faire comprendre lorsque les mots se télescopent en tous sens. A six ans, il s'exprime comme un vétéran de la bouteille, mâchonnant des bouts de phrase comme des chewing-gums amers. L'histoire pourrait s'arrêter là, un incompris de plus, pas de quoi en faire tout un plat.
    Mais ce serait sans compter sur la malédiction qui flambe dans ses veines. Un démon gracile dont le sourire pervers effarouche l'aiguille du compteur Geiger. Et pataclan, à huit ans, Tristan devient le héros de sa propre tragédie. Pas d'Iseult pour lui donner la réplique, mais juste une saleté qui lui ronge le sang. Peu à peu, ses globules rouges s'effilochent, prennent des formes variées, allant de la faucille communiste à l'étoile capitaliste. Les médecins sont en rade face à cette variante farfelue de drépanocytose. Quoiqu'il en soit, il ne lui donnent pas plus de deux ans à vivre, deux ans pour étudier ce cas unique...qu'en dites vous ?

    Réaction humaine ben compréhensible, les parents Evornet décident de confier leur rejeton au centre de recherche des maladies rares et dégoûtantes. Bon débarras. Néo-Jared dans une atmosphère aseptisée, cheveux caméléons (du moins sur un fond azur), Tristan commence à comprendre comment fonctionne la vie : par coups bas. Cela dit il ne le vit pas mal. Les hommes en blouses sont gentils et ne lui demandent que des prises de sang quotidiennes. Pour le reste, pas la peine de se fatiguer à éduquer ce cadavre en sursis dont la peau devient de plus en plus pâle. Le gamin taciturne passe donc ses journées sur son PC, ou plutôt ses PC.

    Il rencontre alors l'amour de sa vie : le virtuel. Le virtuel. Fabuleuse matrice qui lui propose d'être ce qu'il veut et de rencontrer qui il le souhaite. Il se passionne peu à peu pour cette forme de communication à grande échelle qu'est Internet. MMORPG, Doom-like, jeux de stratégie ou de combat, il devient grand maître ès jeux vidéos. Main droite, il affronte sept joueurs à Starcraft II, main gauche, il dirige son elfe de sang dans les plaines d'Azeroth et au milieu, pour passer les moments mous de la partie, il envoie son petit vampire faire des raids sur Bitefight v109.45. Sur le net, il est le général absolu, le mythe du joueur invincible qui joue et gagne sans multi-premium. Il s'éclate en attendant que le sablier finisse d'égrainer la poignée de sable qui lui est dévolue.

    Puis une nuit, parmis neuf fenêtres de chat IRC et un petit Half Life III en réseau, voilà qu'un HL impromptu lui fait détourner les yeux vers son écran n°6. Un message énigmatique d'un inconnu qui lui propose de le rencontrer. Rencontrer ? en vrai ? Depuis deux ans d'existence au centre, Tristan n'a jamais eu de vrai contact humain (les chercheurs qui font des expériences sur un jeune garçon peuvent difficilement entrer dans cette catégorie). Pour lui, Irèle est un nom étrange qui sonne creux. Sa vie, il la grave d'un V qui veut dire Virtuel.

    Merde

    Bon, les chercheurs ne lui donnant plus que quelques mois à vivre, qu'est ce que cela peut bien faire...il accepte à condition que l'inconnu vienne lui même le trouver. Son tonus musculaire lui permet tout juste de franchir le couloir qui sépare son espace de vie du laboratoire d'analyse, alors sortir ... Et puis la règle n°1 de la stratégie : attirer son adversaire sur son terrain.
    Contrairement à ce qu'il pensait, sa requête ne pose pas de problème pour cet inconnu.

    Une rencontre fascinante à l'issue de laquelle il récupère une gourde et un nouveau regard sur la vie...et la mort. Il est temps de faire quelque chose.

    6 ans plus tard. Tiens, il est pas mort lui ? Et non, non seulement il vit, mais en plus il a faussé compagnie à sa blanche famille. Sa crinière cobalt flottant au vent, il s'engage d'un pas décidé sur la route qu'il veut lui même se tracer....à 14 ans. Déjà cynique et amer, il a décidé que la vie n'est qu'un jeu stupide dont on peut adapter les règles. Comme il n'y a pas d'intérêt à jouer sans prendre de risque, il s'engage sur la voie amusante de la criminalité. Au début, un peu de trafic, mais rien de très palpitant...en fait il se lasse assez vite de cette bande de dealers à la petite semaines qui transpirent dès qu'il voient un uniforme au coin de la rue. Après une nouvelle discussion avec l'Inconnu du web, Tristan se lance dans le grand échiquier. Un seul joueur : lui même, une seule mise : la vie.
    Reste à le faire savoir au monde de manière discrète.

    Règle n°23 de la stratégie : pour être discret : se faire remarquer.

    Un petit CV bien fichu, une annonce banale et voilà que le jeune Evronet, le rat de laboratoire, le mutant bleu se retrouve à la tête de sa propre micro entreprise. Le service proposé est simple et explicite de même que son adresse web : Je tue des gens pour vous, w w w. xxx-meurtre-patron-amant-tuer. com
    Quelques mots clés pour être facilement trouvable sur le net. Un site qui passe pour une vaste blague mais qui propose pourtant un vrai contact : Trevor.

    Incroyable ce que les affaires peuvent être florissantes. En quelques temps Trevor apprend qu'il n'existe pas de règle pour tuer. Ce n'est ni facile, ni difficile, c'est infiniment varié. Passionnant quoi ! L'homme peut tout à la fois se montrer d'une fragilité extrême et mourir bêtement en trébuchant dans la rue, ou tout au contraire résister de manière inattendue à une balle dans la tête.
    Poisons, champignons, explosions, tant de méthodes disponibles...
    Lames, balles, pétales, aucune n'est adaptée à toutes les situations...
    Cachets, barillet, trébuchet, toutes peuvent fonctionner ou rater...
    Morsure, coupure, brûlure, rien n'est sûr...
    Hémorragie, maladie, anoxie, la prise de risque est totale...

    Un véritable défi pour le stratège du net !

    Avec le temps, Trevor apprend à soigner son style. Il apprécie particulièrement de laisser choisir le hasard pour lui. Une manière d'apprendre à s'adapter continuellement à l'inconnu. Pour choisir l'arme, la méthode et le style, il fait rouler trois dés. Si c'est un triple 6, le 666, vous avez le droit à la formule spéciale. L'éviscération à l'aiguille à tricoter dans un entrepôt à minuit n'en constitue que le prologue.
    Il se balade continuellement avec ses dés en ivoire et aime à les faire rouler devant sa proie (parfois il laisse même la victime le faire).

    Jamais naïf mais toujours insouciant, il s'amuse par ennui. Mais il s'amuse quand même. Le bleu est la couleur royale ! Inclinez vous pauvres brebis, le filleul de la Dame est parmi vous. Il vous fera voir son sourire et vous emmènera respirer le parfum de son jardin d'épines.

    A chacun des mouvements de Trevor, un pion sort de l'échiquier à coup de cravache. Tout ça pour quoi ? Ne cherchez pas, la grande partie qu'il joue n'est compréhensible que par lui même. Lui seul connaît son objectif final. Peut-être le révèlera t-il à quelqu'un...juste avant de le faire passer de vie à trépas.

    Voulez vous savoir ?

    Son petit secret avec un petit s comme suicide...
    Trevor brûle de tuer son mentor secret. Lui. L'inconnu du net...ce vampire nyctalope qui lui offre de temps à autre une gorgée de son sang pour l'aider à combattre sa maladie.

    Le tuer pour mettre un terme à sa propre existence. Sans le sang du saigneur, le démon radioactif dans ses veines achèvera son oeuvre...et la partie sera terminée. Et alors ?
    Trevor veut mourir de cette manière là et uniquement de celle-ci.
    L'arme : son propre sang
    La méthode : une lente dégradation des cellules...plutôt artistique même si c'est invisible.
    Le style : avec panache ! un décors, un public et une prise de risque insensée.

    Avoir la possibilité de définir sa mort de cette façon n'est pas donné à tout le monde. Il faut que ça soit classe. Trevor consacre toute son énergie à se préparer à ce grand moment, ce qui mine de rien lui prend quelques années. Se suicider en tuant...quelle délicieuse ironie ! Une dernière carte à jouer avant de tirer sa révérence.



    Mais bien sûr, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu...

    Ce qui avait commencé par une soirée au théâtre s'est achevé par un bal sanglant. Pour le commun des gens, beaucoup de cris et de confusion. Une bousculade frénétique vers la sortie et quelques mémés écrasées sous des pas trépidants de terreur.
    Mais le coeur de l'action, lui, a été ignoré par la plupart. Ce qui est dommage car ça vaut le coup d'oeil, à condition d'être sûr de pouvoir garder ledit oeil fermement enchâssé dans son orbite à l'issue du spectacle. Peut-être qu'en étant bien planqué dans une loge on pourrait risquer le coup...Voyons ça.

    En contrebas, des programmes éparpillés et divers accessoires de modes abandonnés. Un futur cadavre gémit en travers de l'allée principale qui va de la sortie à la fosse.
    Juste au dessus de cette dernière, sur l'estrade, enlacés dans une étreinte ambiguë, souffle contre souffle. Il sont là. Un dé en ivoire à roulé dans un coin, un revolver fumant gît de l'autre coté. Là, au centre. Costumes froissés, tignasses emmêlées, gestes compulsifs. Et du sang...une large flaque visqueuse et vermillonne qui colore peu à peu la scène. Le liquide épais ruisselle le long des planches de bois, goutte au sous sol et baigne la moquette du théâtre. Nul doute que la prochaine représentation devra soit se faire dans un registre inédit, soit attendre un peu.

    Des ongles raclent le sol, le talon d'une chaussure cogne. Le vampire et son apprenti s'entretuent. Le mentor et son élève.

    Les muscles se crispent. Un râle final s'échappe du duo. Plus exsangue que jamais, couvert de sang, les cheveux flamboyants d'un éclat bleu vif, Trevor se redresse avec la tête de son mentor à bout de bras. Hamlet haletant, il lâche une phrase muette sur un ton académique :
    "Quelque soit la créature...toutes ont le même point faible. Ce triple canal par lequel passe le réseau sanguin, nerveux et respiratoire. On peut généralement tuer quelqu'un en sectionnant l'un de trois. Les méthodes à employer dans ces cas là sont la strangulation, le coup du lapin ou l'égorgement. Cependant, il est notoirement reconnu que la manière la plus efficace de procéder reste d'en trancher la totalité."

    Le meurtre est un succès. Eclaboussant et pimpant à souhait. Mais il y a un problème...et de taille. Trevor va mourir. Il va mourir mais pas comme il le souhaite. Ses blessures le vident de son sang et sa sangsue de maître a profité de leur corps à corps pour le pomper. Pas question. Ce n'est pas ça son histoire. Sans réfléchir plus loin, le jeune homme se penche pour récupérer son sang. Son arme ! Celle qui doit l'achever ! Il boit....
    Il boit. De boire il lui prend une jubilation orgasmique. Sympa, mais ça non plus ce n'était pas inscrit au scénario.

    Maintenant, Trevor ne peut plus mourir...enfin pas comme ça. Lui qui, depuis l'enfance boit du sang de vampire pour survivre, il doit à présent se nourrir chez les humains. Une ironie dont il ne cesse d'apprécier le sel. Ce retournement de situation est finalement beaucoup plus amusant. Son sang contaminé par la maladie ne peut plus rien contre lui...par contre, il contamine systématiquement ses victimes. Les tuer pendant l'office vampirique est une forme de charité. Trevor ne laisse que rarement repartir ses proies, les sachant dès lors condamnées à mourir de cette étrange maladie.
    Il semblerait qu'il ait encore du chemin à parcourir, et la compagnie des mortels est tellement divertissante.

    Quand bleu est la couleur de l'électricité, agir selon ses impulsions devient une seconde nature. Trevor se prend au jeu de l'immortalité de bonne grâce. Puisqu'il semble avoir gagné la partie contre la mort, autant continuer en faisant monter les enchères. Une revanche ? propose t-il à sa marraine avec un grand sourire malade sur un fond orchestré par Trent Reznor.
    Désormais le terrain de jeu s'élargit et englobe tout le monde. Ne cherchez pas à en comprendre les règles, vous n'êtes que des pions en forme de quille sur le bowling à damier de Trevor.

    Un petit tour du coté de la mafia pour décalquer la pieuvre dans son livre d'image. Belle aventure de laquelle il retire une nouvelle passion pour le poker et un goût pour les complots. Un paquet de carte vient rejoindre les dés et la fiole de sang de son mentor dans sa poche. Tiens la fiole ? il l'a toujours alors qu'il n'en a plus besoin. Cette précieuse gourde qui constituait à l'époque son unique remède. Qu'a cela ne tienne, dans un accès de mièvrerie, il fait monter les dernières gouttes de ce nectar dans un écrin de verre en forme de dame. La pièce maîtresse de l'échiquier, sa marraine. Qui de mieux placé pour garder se souvenir ?

    Le passé dans la poche, le futur sous sa botte, Trevor trifouille, Trevor joue, mais ne recule jamais.

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