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Le Kerosène fait des Cendres (très bas).
Par une belle journée de printemps,
Un attelage traverse à vive allure ce monde ci
Pour atteindre le monde suivant.
Une pensée pour la traversée… Melicerte laisse retomber la couverture du bouquin, le dépose sur le muret et croise les mains sur ses genoux. Le soleil est haut, clair dans un ciel propre et délavé après trois jours de pluie discontinue qui semblait dissoudre jusqu'aux frontières même du béton grisâtre. Ça fait du bien de revoir la lumière chaude et douce. Ça fait du bien de retrouver les couleurs, les tons vifs, les pastels… ça fait du bien de sentir les odeurs automnales dans le vent frais, l'humus et les feuilles en décomposition. Ça change de l'éternel fumet "chien mouillé" des imperméables toujours humides.
La jeune fille appuie son menton sur la paume de sa main droite et se penche en avant. Ça lui rappelle une journée d'il y a longtemps… quand elle était encore étudiante avec une coupe de cheveux luxuriante, des grolles à bouts ferrés et du clinquant métallique au bout des bras.
C'est aussi – et c'est un fait moins glorieux – l'époque où elle annonçait à son père, terriblement déçu, qu'elle avait raté son doctorat en biochimie moléculaire. "Dommage ma grande" avait-il dit, la voix chargée d'alcool et l'œil chagrin. Ensuite il s'était resservi une large rasade de Bourgogne quelques minutes avant de sombrer dans un sommeil baveux ponctué de flatulences bruyantes.
Edward Tinderstick ne s'était jamais adapté au climat français. Il avait compensé par un amour immodéré pour une des productions les plus célèbre de l'hexagone : le vin. A 53 ans, E.T était un extraterrestre couperosé qui interpellait les gens dans une langue que lui seul comprenait à base d'équations mathématiques et de théorèmes empiriques. Un désastre. Son corps avait rapidement reflété son effondrement mental ; menton avachi, bedaine débaroulante, joues flasques, yeux chassieux. Le mariage avait suivi, les meubles de la belle-mère étaient repartis par la porte d'entrée sans tambour ni trompettes. Le père de Melicerte n'était, certes pas, un modèle pour elle. C'est pour ça qu'elle ne porte pas son nom mais celui de sa mère : Kerozène, avec le z et l'accent grave.
Lily Kerozène était un petit bout de femme grignote et toujours affairée. Alors, à la molassonnerie empâtée du gros Ed', elle avait rapidement préféré le dynamisme charismatique de l'avocat athlétique chargé de leur divorce. Melicerte, à 13 ans, voyait partir sa mère avec le cœur gros et un regard ambivalent qui promettait une belle explosion lors de la tant redoutée "crise d'ado". Explosion qui s'est matérialisée par l'achat d'une paire de New-Rocks, du maquillage noir et une collection complète de groupes nordiques tels Leaves' Eye, The Northern Kings, Apocalyptica, Tarot et bien d'autres. C'était l'époque où elle s'énervait pour un rien, se vexait pour tout et restait morose le reste du temps. Une rousse pétaradante comme on en rencontre parfois. Mais fallait-il s'attendre à autre chose ?
Tinderstick signifie amadou en anglais. Un allume-feu et du kérosène. Quand elle y pense, ça lui paraît dingue. Leur couple était destiné à partir en fumée… et à produire une flamboyante rouquine dont ni les yeux, ni les cheveux ne semblent tenir de qui que ce soit dans la famille.
C'est aussi au cours de cette période tumultueuse qu'elle a rencontré Tristan (3 mois), Antoine (1 semaine), Fix (que tout le monde appelait comme ça parce qu'il dealait – 7 mois) et même Emilie (1 jour, le temps d'une expérience). Et assez de déceptions sentimentales pour apprendre au fer rouge que la magie – en tout cas celle de l'amour - n'existe pas.
Melicerte rêvasse encore à son adolescence "cœur-à-vif" lorsque son rendez-vous se présente. Vincent, un jeune brun aux yeux verts assortis d'un sourire timide plutôt énigmatique. Ils échangent quelques phrases et vont s'installer en terrasse à un bar. C'est leur troisième sortie ensemble, une chance de conclure ? Peut-être, ils se sont trouvés plusieurs points communs. Led Zep, les feuilles mortes et les discussions sans fin sur des pinailleries. Mais ils ignorent encore tout de leurs différences.
Lorsqu'il la voit déposer son épais volume sur la table, il tourne la tête pour lire le titre. Les reflets agressifs de la lumière sur le plateau en métal lui font plisser les yeux.
- "Les Rituels de l'Au-delà" ? Tu fais des études de para-psycho ?
Melicerte sourit doucement et remonte sa paire de lunette de soleil sur le nez d'une manière qui fait se refléter un instant le visage de Vincent dans les verres orangés.
- Oh non, non, j'ai lâché tout ça depuis un moment.
Elle s'appuie du menton sur les paumes et considère son vis-à-vis un instant.
- En fait je suis plutôt dans la partie scientifique.
- Ah ? Toi aussi ? (Il sourit avec plus de franchise).
- J'ai bossé dans un laboratoire pendant un moment.
- Ah, ok. Quel genre de labo c'était ?
- Des analyses…
Après avoir raté son doctorat, il lui restait quoi : sa licence de bio sans valeur et une paire de brevets attestant qu'elle était :
1 - capable de coller ses lèvres contre un type en train de mourir pour lui insuffler de l'air.
2 - capable de coller une trempe à une colonie de gniards braillards.
L'AFPS et le BAFA. Deux trucs qui ne lui ont jamais servi à rien. De toute façon elle n'en a pas le goût, ni à sauver des vies, ni aux gamins. Son truc, elle s'en est aperçue assez vite, c'est d'observer, d'analyser, de découper, de charcuter… Ce n'est pas pour ça qu'elle était brillante dans sa catégorie mais elle n'avait de toute façon, pas vraiment d'autre choix que de continuer sur sa lancée.
Refaire une fac à 23 ans c'était tout à la fois trop long et trop pénible. Alors elle avait passé le concours de la Police Scientifique… tenté le coup… histoire de vérifier quelques clichés concernant les autopsies et les gants en latex. Ça avait marché, elle avait été reçue ric-rac dans la liste des suppléants.
"Forminable ma granze !" avait tenté de mâchonner son père en prononçant sans le vouloir, le jugement exact sur ce qui allait suivre.
Fort minable en effet.
Une fois dans la maison, on l'avait d'abord confinée dans un labo. Elle suivait néanmoins régulièrement des formations continues sur l'informatique, la balistique, les explosifs… tout un programme sur l'art délicat de trucider son prochain. Globalement le boulot était tout sauf passionnant. Melicerte ne voulait pas se l'avouer, mais elle s'emmerdait ferme dans cette ambiance aseptisée à base de petites blagues qui puaient les relents de geek du scalpel. Elle s'était même fait suspendre 15 jours, lorsqu'on l'avait surprise en train de jouer distraitement au morpion sur un abdomen d'un blanc crayeux.
A cette époque, elle s'habillait de manière neutre, sans passion et fréquentait un futur vétérinaire qui lui proposait déjà une petite vie rangée avec croissants le dimanche et activité sexuelle routinière, sans passion non plus. Ses disques scandinaves prenaient la poussière sur une étagère sans qu'elle se décide à les ranger/vendre/jeter/écouter. Intrinsèquement, elle redoutait plus que tout d'avoir un gamin, état qui aurait définitivement verrouillé son existence morne de laquelle elle ne parvenait pas à sortir. Comme un poisson qui ferait le tour de son bocal. Elle jouait beaucoup au billard dans des pubs enfumés. Elle voyait quelques amis de temps en temps. Elle tentait de s'immerger dans ce que la société lui proposait… mais elle sentait bien que ça ne lui convenait pas. Quelque chose couvait. Quelque chose de brûlant comme du kérosène qui lui picotait sous la peau.
A 26 ans, elle avait dû renoncer à ses réductions au cinéma, au train et tout un tas de loisirs devenant plus chers, elle avait décidé qu'il était temps de redonner du pétaradant à sa vie avant de devenir une vieille femme de 27 ans.
Et puis un jour, on lui avait fait une présentation des métiers de terrain, les planques, les filatures et tout le toutim qui fait tant rêver les ados. Ça c'était du concret ! Du brut, du vital. Quelque chose qui changeait des éclairages uniformes et des blouses blanches. Melicerte avait envie de disséquer la vie in vivo, non pas sous la cloche de verre d'un labo.
Melicerte achève de siroter son vin blanc – une infâme piquette au goût râpeux - et fait mine d'en apprécier les arômes pour fermer les yeux et rejeter la tête en arrière. Le rendez-vous a l'air de bien se passer. La conversation se limite toujours à des banalités, mais avec un peu de chance les petites confidences devraient suivre. Dommage, en un autre temps, elle se serait peut-être entichée d'un type comme lui. Mais plus maintenant.
- Tiens l'autre jour je parlais avec un ami de phénomènes paranormaux. Tu trouves pas ça marrant toi qu'il y ait des gens capable de magnétiser, des médiums et tout ça ?
La rousse se tend imperceptiblement à l'évocation de ce sujet. Pourquoi maintenant ? Un coup de sonde ?
- Bah ce sont des bobards la plupart du temps.
- La plupart du temps ! Exactement !
Elle mâchonne distraitement une mèche de cheveux échappée de sa queue de cheval et cille sur le visage soudainement enflammé de son interlocuteur. Œil luisant, sueur sur le front, lèvres agitées de frémissements...
- Alors tu y crois ? Ça te fais quoi d'y penser ?
- Je ne sais pas trop. C'est délicat… tant qu'on n'y est pas confronté. Personnellement j'ai tendance à croire ce que j'expérimente. Je ne vais pas m'extasier juste parce qu'on me dit que le vieux crouton décédé il y a trois ans a laissé un message posthume sur une bande magnétique.
- Oh oui bien sûr, tu parles des EVP... nan mais, cette histoire de "sons de l'enfer" c'était du spectacle pour cathos extrémistes. Je te parle de choses plus concrètes.
Melicerte sourit doucement. Elle se penche en avant, l'air titillée mais encore un peu septique. Sous cette lumière d'octobre, sa chevelure est plus automnale que jamais.
- Plus concrètes ? Qu'est ce que tu veux dire par là ?
- Tu as du temps là devant toi ?
- Qu'est ce que tu proposes d'en faire ?
- Je voudrais te montrer quelque chose. Mais pas ici.
- Oh… de l'action hein !
Après la PS, l'armée. Melicerte avait fait part de sa volonté de toucher un peu plus au terrain. On lui avait rit au nez, prétextant qu'une donzelle de sa carrure ne tiendrait pas le coup, qu'elle n'avait pas le profil et un foutu tempérament de merdre. Elle n'avait pas claqué la porte comme son instinct lui commandait de le faire. Elle était juste rentrée chez elle, dans son appart' de célibataire –le gentil véto s'était vu flanquer à la porte avec ses croissants et sa routine bidon- pour pleurer. Elle s'était passée en boucle Lateralus de Tool, récemment dépoussiéré.
Et c'est cette nuit là, après un demi bouteille de Gin et une boite de Kleenex que le téléphone avait sonné. Elle se souvient avoir consulté sa montre, il était 2h du matin. Probablement un ami titubant dans les rues qui cherchait où crécher après sa beuverie.
Non. C'était une voix sobre, un timbre administratif, une diction impeccable qui lui avait demandé de se présenter à une adresse si elle tenait vraiment à changer de vie. Précisant en outre qu'il lui serait alors impossible de faire demi-tour.
C'en était suivi la série de réactions que l'on peut imaginer en pareille situation ; sueurs froides, yeux écarquillés, la sensation malsaine de sentir son espace privé violé, beaucoup de points d'interrogations.
Elle avait hésité un long moment, ouvert une bonne bouteille de vin rouge épais et s'était installée sur son balcon toute la nuit pour réfléchir. Mais finalement, elle connaissait déjà la donnée principale :
Il n'était pas question de retourner à Fort Minable.
Alors elle s'était rendue à l'adresse indiquée. Porte, coursive, bureau, porte, couloir, 2ième escalier, 3ième étage, porte, chaise, attendre, attendre, attendre… entrer. Un petit bonhomme rondouillard avec une empathie bureaucratique parfaitement barbante et des mouvements de sourcils captivants.
"Le métier est un peu plus rude que votre petit labo de sous-sol mademoiselle Kerozène. D'habitude nous recrutons des gens qui ont plus de bouteille mais votre profil nous a intéressé."
" C'est un travail de laboratoire mais vous aurez quelques raisons de sortir… pour prélever votre matériel expérimental. Il faudra que vous soyez entraînée à vous défendre pour tuer, en cas de besoin."
Deux métros et un bus pour arriver dans un sous-sol en banlieue. Il y fait sombre et humide, ça sent le moisi doux et le renfermé que l'on ne trouve que dans les caves vinicoles.
Vincent presse un interrupteur et conduit sa compagne au fond de la pièce.
- On a vu mieux comme garçonnière…
- Ah ah, ne t'inquiète pas, c'est juste là.
Melicerte sourit avec une fausse confiance et le laisse passer devant entre deux rayonnages. Profitant qu'il ne la dévore plus des yeux, sa main droite glisse furtivement dans la poche de son blouson, elle trouve le petit boîtier et presse l'unique bouton deux fois. Puis elle se glisse à son tour dans l'interstice.
Vincent s'affaire sur le fermoir ouvragé d'un petit coffret. Un déclic, le couvercle de bois ferré bascule et instantanément une intense lumière chatoyante emplit la pièce. Le même genre de reflet que produirait un aquarium se projette sur les reliefs poussiéreux alentours, mais en plus coloré.
- Qu… qu'est-ce que c'est ?
- Approche toi, lui enjoint-il d'un ton mutin.
Elle s'exécute et plonge les yeux par-dessus le rebord du petit coffret. Il y a là dedans un véritable chaos tourbillonnant. Un maelström kaléidoscopique qui n'acquiert jamais ni forme ni substance. Une vision hypnotique, dangereusement hypnotique. Melicerte sent un élancement au creux des reins. Quelque chose chaud. Elle réalise soudainement que c'est la main de Vincent qui vient de l'attraper par la taille.
Elle se cambre involontairement et s'en arrache brutalement en reculant de trois pas.
- Qu'est ce que c'est ?!
- Un conflux, lui répond tranquillement Vincent, les yeux toujours baignés par cette clarté mouvante.
La jeune fille serre les dents. Son cœur s'accélère.
- De la … magie ?
- Pourquoi pas, lui retourne Vincent par-dessus son épaule.
- Ce pourrait être de la chimie.
- Oui.
Il se retourne vivement et raccourcit la distance qui les sépare.
- Mais nous savons tout les deux que ce n'est pas le cas.
- Ah bon ?
Son doute le fait tempêter. Sa voix gonfle à chaque point d'exclamation.
- Ne te voile pas la face. Nous sommes faits pour ça Meli ! Nous pouvons vivre d'une autre manière, plus intense, plus passionnée ! C'est ce que nous cherchons bon dieu !
Il brandit le poing, puis lui attrape le poignet pour l'attirer contre son torse. Le bouquin tombe sur le béton rugueux au sol. Melicerte a juste le temps d'interposer son avant bras pour ne pas se retrouver plaquée contre lui. Il penche ses lèvres vers elle. Prise par surprise, elle ouvre des yeux ronds, sa respiration devient trop forte.
- Melicerte, je voulais te montrer ça… je voulais le partager avec toi, comprends-tu ?
- Ou…oui…
Il l'embrasse fougueusement avec maladresse mais une ardeur juvénile véritablement fusionnelle. Un court instant elle oublie tout. Elle se perd dans cette étreinte brûlante et pourrait presque s'y abandonner totalement si son bipeur se s'était pas soudainement mis à vibrer dans sa poche. Les autres sont prêts.
Elle se détache de Vincent avec un sourire humide et plaque un index sur ses lèvres. Elle se penche pour ramasser son livre et en époussette la tranche. Les Rituels de l'Au-delà. D'un geste rapide, elle l'ouvre au milieu pour en tirer le Beretta dissimulé dans les pages creuses.
Vincent sursaute. Elle recule et pointe son arme d'un geste professionnel.
- Melicerte ??! Qu'est ce que tu fais ?
- Recule Vincent. Je vais emporter ça avec moi. Et toi avec si tu ne coopères pas.
- Tu es folle !
- Ne bouge pas ! Crie t-elle d'une voix aiguë.
Mais c'est trop tard, il se passe quelque chose. Comme un éclair blanc suivi d'un engourdissement. Lorsqu'elle reprend contact, une poignée de secondes plus tard, elle entend les frottements rapides des semelles de Vincent dans son dos. Le coffret n'est plus là. Son poing n'enserre plus que du vide là où se trouvait son arme de service.
Melicerte a toujours entretenu sa forme physique. Pour la ligne séduisante dont elle s'enorgueillit bien sûr, mais aussi parce que c'est ce que le psychiatre lui avait recommandé… à 6 ans. A cette époque, le couple amadou-kérosène ne battait pas encore franchement de l'aile. En fait, c'est peut-être cet évènement qui avait constitué la pierre d'achoppement de la suite.
"Votre fille semble disposer d'une forme de violence latente en elle… je pense au syndrome de Calvin-Ostepe." Avait déclaré le médecin d'un ton compassé caractéristique.
Rude coup, pour Lily et Edward, lorsqu'on avait retrouvé Melicerte assise en tailleur dans le jardin, toute souriante, au milieu des viscères répandues du chat qu'elle avait empoisonné avec de la mort-aux-rats pour ensuite l'ouvrir maladroitement avec des ciseaux de cuisine.
"C'était pour voir !" s'était-elle exclamée avec le bonheur infantile d'un marmot qui viendrait de plonger le doigt dans le pot de confiture.
Pour écluser cette énergie dévastatrice, le doc' avait recommandé la pratique d'un sport d'endurance pour épuiser à petit feu et drainer cette violence d'une manière qui forcerait la petite à l'économiser, la gérer puis la consumer. La course à pieds était toute indiquée.
Melicerte pratique donc le jogging régulièrement depuis sa "tendre" enfance. Elle y a même pris goût et est devenu accroc à sa manière. Chaussée de ses Mizuno, il lui arrive de parcourir routes et chemins pendant des heures entières en savourant le fonctionnement parfait de la mécanique organique bien cadencée qu'est son corps.
La poursuite est de courte durée, le reste de la meute vient d'arriver dans une camionnette banalisée. Un seul cri est proféré ; un juron paniqué. Vincent ne sait pas se servir de l'arme qu'il a piquée à la jeune femme pendant son hébètement. Le cran de sûreté est encore en place lorsqu'il appuie sur la détente. Râpé pour lui. Un des hommes l'attrape à la taille et le ceinture efficacement contre le mur de la maison. Un autre se charge du coffret. Les menottes cliquètent, les protestations du fugitif sont étouffées sous une épaisse cagoule noire.
Une grosse demi- heure plus tard, le véhicule pénètre dans un hangar désert. Les hommes se déploient tout autour du bâtiment pendant que Vincent est sanglé sur un fauteuil rembourré au centre de la pièce.
- Lieutenant ?
- Enlevez lui sa cagoule. Je veux qu'il me voie.
Melicerte porte à présent une blouse blanche et de larges gants noirs qui lui remontent aux coudes. Mais le détail qui effraie le captif au point de lui faire perdre le contrôle de ses sphincters se trouve au niveau de son charmant minois.
Elle sourit.
- Et bien on commence ? Remontez lui ses manches.
Pendant qu'un bidasse s'exécute, la jeune femme ouvre une mallette en métal frappée du symbole arqué du danger bactériologique noir sur fond jaune. A l'intérieur, plusieurs seringues remplies d'un liquide rouge sang sont alignées dans un compartiment isotherme. Elle la présente à un Vincent terrorisé dont le regard exprime la douleur d'une incompréhensible trahison.
- Je pensais que tu étais comme moi, avoue t-il, abattu.
Cette réflexion provoque un rire cristallin. Elle s'approche et se penche assez près pour murmurer.
- Tu ne sais rien de moi. (Puis, adoptant soudainement un ton professionnel). On va vous poser quelques questions monsieur Arcassier. A chaque fois qu'une réponse ne me conviendra pas, je vous injecterai le contenu d'une de ces seringues. On commence par le V.I.H.
Elle la retrouvait souvent, cette gamine maculée de sang de chat au sourire effrayant…
Tags : melicerte, vincent, petit, bien, temps
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Commentaires
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