• Chapitre 63 : Le festin de Mara : Fromagerie moisie.

    Quitter le grand fomoire n'était qu'une provocation gratuite et sans doute un peu puérile. Mais une réelle surprise quand même pour le grand rouge qui aurait pu sourciller s'il avait le minimum décent de pilosité requise pour cela. Mais Luk n'aurait de toute façon pas pu le voir. Dans son cocon de ténèbres, il ne voit plus rien. Avalé par le sombre, le guerrier thuadène a l'impression que son armure ne pèse pas plus lourd qu'une perle salée au coin d'un cil. Futile. Il s'arrache, se laisse porter, comme une feuille sessile dans le vent. Sauf qu'il n'y a pas de vent. Juste l'obscurité totale et profonde.
    Dans sa main droite, l'épée noire irradie d'une source de pouvoir indéfinissable. Ce n'est pas de la chaleur et pourtant ça lui brûle la main. Ce n'est pas animé et pourtant il ressent des picotement lui remonter le long de l'épaule. Cet acier a été coulé d'une manière qui fait appel à un rituel impie. Une force qui veut contrarier l'ordre naturel. Mais il faut être un thuadène, un fils béni de Dèna, pour s'en rendre compte. Et il faut apparemment également que l'acier noir soit plongé dans son élément, ce qui avait peu de chance d'arriver jusqu'ici.
    Luk réalise que les humains n'ont pas pu concevoir un tel métal. Il est imprégné d'une magie ancienne. Aucune chance pour que ces faiblards tout juste bon à s'envoyer des substances dans le nez soient assez mystifiés pour obtenir un effet pareil.
    Et d'ailleurs, l'ancien porteur de l'armure qui a servi à Gord pour fabriquer cette épée ne devait même pas avoir conscience de ce pouvoir obscur. Non, ça signifie que les humains disposent de fournisseurs hors du commun. D'autres alliés ? Les chevaliers noirs semblent porter le même métal. Ils sont tous identiques, ils ne parlent pas, ne crient pas et agissent de concerts comme une confrérie très sélective. Ce ne sont pourtant pas de grands guerriers, Luk a pu éprouver leur résistance personnellement et sous leur coquille remarquablement dure, il n'y a que du mou. Comme un coquillage en somme. La solution de l'énigme reposerait-elle dans les circonvolutions labyrinthiques d'une de ces berniques à pattes de fer ? Ces humains à cheval n'en sont peut-être pas…

    C'est fou ce qu'on peut réfléchir le temps d'une respiration dans le néant. Luk est toujours aspiré dans le vide. Mais pas totalement de manière incontrôlée. En fait, il se focalise pour le moment sur une clarté blafarde. Un éclat tranchant comme un croc de lune. Un peu plus loin, un trait clair, comme une griffure laissée par un ongle sur une strate d'ardoise. Les contours se précisent lorsqu'il flotte plus près. De l'aiguisé, du fil, du style. Une lame plantée de guingois entre deux cadavres. Sa seconde épée.

    Ça aussi c'était une provocation, mais pas seulement. Larguer son épée d'argent ne servait pas seulement son jeu mais aussi sa stratégie de repli. En ce moment, cette épée est la seule chose qui entre en résonance avec son aura de ténèbres. Compliqué mais pratique. Il ne sait pas exactement pourquoi ni comment mais ça fonctionne. Il perçoit l'aura de l'épée d'argent à distance. Petit à petit, le Semeur de Chaos réalise qu'il devient quelque chose d'autre qu'un simple thuadène. Il évacue d'une forme de magie par tous ses pores. Il exsude d'un pouvoir mal maîtrisé qu'on lui livre sans explication. Il compose avec. Et il apprend vite.
    Maintenant, il se déplace dans cet entre-deux phases où tout semble s'écouler sans cohérence ni relation logique. Il voit des scènes de combat qui ne peuvent pas se dérouler à cet instant. Des morceaux volés au passé. Et des morceaux qui volent aussi, des copeaux de corps par bûcheronnage laborieux. Bref, tout ça c'est très juteux mais ça ne fait que l'embrouiller.
    Il se laisse guider vers la lame lunaire et s'y perche, une botte de chaque côté de la poignée. Un sourire dissimulé derrière les atroces paragnathides de son heaume de guerre, il reparaît les bras écarté, comme un prophète de mauvais augure. L'aura de ténèbres de résorbe, avalée en substance par la plaie jamais guérie de son bras droit. Là où le Gardien l'a frappé.

    Le fomoire est maintenant beaucoup trop loin pour lui nuire. Non seulement il a les pieds entravés, mais en plus, une ribambelle de thuadènes sur les dents se dressent entre eux deux. Le Semeur de Chaos grince de satisfaction. Le gros monstre éructe une dernière tentative de provocation.

    - REVIENS ICI PLEUTRE ! JE NE SAVAIS PAS QUE LES THUADENES ETAIENT SANS COUILLE !
    - Mais il n'a jamais été dans mon intention de t'affronter, fomoire. Vous êtes déjà vaincus. Vous n'avez rien à faire dans ce combat.

    (Puis il tourne légèrement la tête, comme pour s'acquitter d'un détail visuel avant de reprendre, l'air presque absent).

    - Et pour l'heure, j'ai d'autres culs à botter…

    Il retombe au sol souplement, coulisse ses deux lames aux fourreaux et salue son adversaire d'un bras d'honneur, poing fermé.

    - Et maintenant… TUEZ LE !

    Puis il file en un éclair. Bjorn est au bout, là bas. Il résiste mais se fait harceler par les cavaliers impitoyables. Il doit le rejoindre maintenant !

     

    ***



    Maille tire sur les rênes, fait volter sa monture et assène un méchant coup de sabot dans un crâne au passage. Les rangs des elfes enfoncés, c'est encore plus facile et jouissif de les fouler ainsi. Un rictus féroce lui barre les traits, sa tenue n'est plus aussi propre. Le blanc du se pare de pourpre comme l'agneau sacrificiel. Sauf que ce n'est pas lui la proie de l'holocauste. Il savoure, il se délecte du carnage accompli par ses hommes et ne s'en cache pas. Chaque coup, il le ponctue d'un petit cri, d'un rire sinistre ou d'une mimique théâtrale. Et pourtant, il n'a toujours pas dégainé. Son épée est sans doute trop longue pour être maniée à dos de cheval. Elle se balance toujours sur le flanc, sanglée à l'horizontal du garrot à la croupe. Détail piquant : elle dépasse même un peu par l'arrière. Qui s'y frotte… s'y empale, il n'y a pas de fourreau.
    De toute façon il n'a pas besoin de mettre la main à la pâte pour le moment, ses fidèles gardes noirs font un travail d'enfer avec un enthousiasme déchaîné.

    Et puis sa troupe de marchands de mort butte sur un os. Quelque chose d'assez dur pour arrêter cette bouillie infâme. Il y a là un peu de piétaille qui pinaille. Des soldats qui se mouchent du bras et n'osent pas aller plus loin. L'un d'entre eux l'apostrophe, relevant son casque bosselé d'un coup de pouce. Son nez en forme de patate s'est fait malmené par quelque chose de contendant, ce qui rend sa voix paillarde encore plus nasillarde.

    - Gare Monseigneur, v'là une magie qu'on ne peut pas contrer ! Un démon blond qui nous retourne nos coups ! Invinzible qu'j'vous dit !

    Et en plus il zézaille légèrement. Maille sourit. Il semble au parfum. En tout cas il n'en fait pas grand cas.

    - Place !

    Eclatant, il force sa monture dans un cercle de résistance. Le blond est là, sans arme et pourtant irradiant d'une incroyable confiance. Il le guette, il attend. Un de ses chevaliers s'apprête à charger mais le duc l'arrête d'une main levée. Il étrécit les yeux. Les gestes se suspendent.
    En face, le colosse semble faire de même. Il retient ses propres hommes qui voudraient se ruer sur le chef des humains d'un geste empli d'une sollicitude poignante. Ce thuadène baraqué est tout entier dévoué à son apostolat de protection. Mieux qu'une vocation, c'est un sacerdoce. En d'autres temps, en d'autres lieux, il aurait sans doute fait un bon religieux. Mais pour le moment, à quel dieu se vouer ?
    Maille le dévisage longuement puis met pied à terre au milieu des soldats tendus en arrêt. Il se ménage un peu de place et passe devant tout le monde. Au moment où il se plante devant le barbu, ils lâchent d'une même voix au calme souverain, emprunt d'un délice plein de malice pour l'un et de résolution poilue pour l'autre :

    - Laissez le moi.

     

    ***



    Ça devient compliqué pour Kernal. Ce n'est pas tant le problème des pieds cloués, rapidement réglé d'un bond à l'arrachée. Mais il y a une telle masse de thuadène qui lui tombent dessus qu'il ne peut raisonnablement plus les ignorer. Il est contraint de hacher, de réduire, de mettre en pièces.
    Il frappe de droite, taille de gauche, empale, éviscère, dilacère. Les os craquent, les cris percent, les panses aussi. Il mord, il tue, il rue. Il bondit sur le côté pour éviter une pique et renvoie sa serpette faucher un membre imprudemment étiré. Des gouttelettes de sang restent en suspension, il se livre tout entier à la frénésie du combat. Qui aurait pu penser qu'il resterait encore suffisamment de thuadènes pour opposer une résistance aussi coriace ?
    Il fait sauter un autre bras et s'étonne de voir son ancien détenteur continuer le combat, la bave aux lèvres, les yeux fous, tenant dans sa main gauche un morceau de cuirasse qui pourrait éventuellement être tranchant s'il ne l'empoignait pas par le mauvais bout. Sa bouche déformée par une rage bouillonnante claque des postillons abondants et rosâtres :

    - Meurs montre !

    C'est sans doute ça. Les elfes n'ont jamais connus la défaite, ils ne comprennent pas que leur peuple est en train de périr sur la plaine. Leurs cadavres fertiliseront le sol depuis des années qu'ils n'auront sans doute toujours pas pigé. Cette opiniâtreté folle furieuse reste quand même une énigme. Depuis quand on ne se tortille plus sur le sol sous le coup d'une amputation brutale ?
    A toute fin utile, Kernal attrape le nouveau manchot par le cou, le plaque tout contre son torse musculeux et d'un mouvement sec de bas en haut de son épée, le trépane sans appel. Le crâne éclate, la matière grise se répand… hélas, pas plus de réponse visible dans cette bouillie de culture.
    Un couperet lui entaille encore le cuir d'une aile, il se rebiffe, pivote, écarte les assaillants d'un battement furieux. Des humains se mêlent à la partie. Ceux là aussi sont acharnés, mais d'une manière brouillonne. A la différence des elfes, ils tuent sans distinction, y compris leurs propres camarades quand ils ne font pas attention. Ils s'en moquent peut-être. Après tout ils sont assez nombreux pour subir des pertes déraisonnables. Les humains n'ont qu'un seul objectif : l'hégémonie sans partage. Et pour cela, ils iraient jusqu'à utiliser des barils de feux grégeois juste pour pulvériser un moucheron et s'essuyer les pieds sur ses restes. Ils s'en foutent. Ils ont les moyens. Ils sont tarés.
    Une épée de plus, il bloque, tourne le poignet pour casser la garde et frappe. Malgré ses quatre bras et sa paire d'ailes, il ne parvient pas à arrêter tous les coups ; il faudrait être vraiment partout. D'avantage que ce qu'il est capable de faire. Alors il grimace une première fois lorsqu'on lui entaille le mollet. Il se retourne pour éviscérer le responsable. Les combats de mêlée sont toujours trop confus. On le frappe au biceps, il plante dans le gras. De côté, taille, un coup d'estoc, quelque chose vibre contre son coude. Il détourne une lame avec le bras, laissant s'ouvrir une fine balafre. Sa serpette accroche une cuirasse et se coince. Il assène un brutal coup de bouclier qui projette son adversaire au loin, échappant au passage son arme incurvée qui reste prisonnière du métal. Tant pis.
    Les humains sont de plus en plus nombreux. Ils profitent de la distraction des elfes – occupés à tenter de l'occire, lui – pour s'engouffrer dans la brèche. Ils submergent complètement. Ils sont innombrables. Ils puent.
    Kernal se fait justement la réflexion que ça commence à sentir mauvais. La plupart de ses frères et sœurs se sont fait massacrer et ceux qui restent sont trop dispersés maintenant. Le Grand Ecarlate pourrait bien continuer à massacrer jusqu'à la nuit tombée mais ça n'avancerait pas à grand chose. Il n'est pas venu pour ça ! Il est empêtré dans cette bourbosité visqueuse sans pouvoir prendre son envol maintenant que ses ailes pendent en lamentables lambeaux. Il grogne de frustration. C'est absurde ! Après tout ce temps passé à patienter, il devrait en finir ici ? Dans le cassant des chocs et le poisseux des organes exhibés à l'air libre ?

    Du coin de l'œil, il note alors un mouvement tourbillonnant. Quelque chose de dangereux approche ! Il se prépare. Sa seconde dextre maintenant libre attrape une arme de jet effilée. Il bouscule les premiers rangs, avance de deux pas, écrase les corps infortunés qui se trouvent en dessous et vise. Un humain s'interpose, il l'envoie paître d'un coup de bouclier sonore. Il lève son bras, arme et…

    - Oh Thrace !

    Au dernier moment, il choisit d'empaler un guerrier thuadène sur son javelot de récupération et se redresse. C'est bien l'ondine ! Mais pourquoi ici ? Il n'y a qu'une seule manière de le savoir. Kernal dégage son fouet et le claque avec précision. La jeune tueuse se fait attraper au bras. Un instant surprise, elle se bloque et considère la lanière rouge qui la relie au grand échalas musculeux. Elle crie quelque chose. Kernal acquiesce sans entendre et tire d'un coup sec.

     

    ***


    - OOoooaaAAAAAH !!

    Thrace se retrouve littéralement propulsée en avant, elle décolle du sol et s'étale à quelques pas seulement du fomoire. Un oeil fermé par une projection de boue collante, elle se relève à peine qu'il la rejoint d'une enjambée rapide. Mais qu'est ce que… Elle pressent une vague menace. Et s'il ne la reconnaissait plus ?? Elle resserre sa prise à deux mains, arme sa double lame et se tend. La dernière fois qu'ils se sont battus, le démon l'a taillée en pièces. Elle n'a pas particulièrement envie de recommencer !
    Mais en lieux et place d'une percussion violente, Kernal bondit souplement, fait trembler le sol en s'écrasant et l'enferme dans une obscurité opaque.
    L'ondine sursaute et rentre machinalement la tête dans les épaules avant de réaliser qu'ils sont isolés sous une paire d'ailes plutôt malmenées mais encore assez dense pour les couper du reste du monde. Comme une tanière improvisée. Elle entend les cris, elle perçoit les chocs assénés avec vigueur sur le cuir mais ça tient. Remarquablement bien même, vu les circonstance.
    Et en tournant les yeux, elle repère finalement le rictus de dents dénudées de ce bon vieux Kernal. Ça et d'autres choses. Est-ce qu'il sourit ? Difficile de juger vu que son expression est dépourvue de nuances. Il a l'air excité, son corps dégage une chaleur intense et, Thrace détourne les yeux, disons qu'une autre partie de son anatomie semble au garde à vous.

    - Petite sœur ? Pourquoi tu es revenue en arrière ?
    - Contente de te voir aussi Kernal.

    Thrace sourit placidement. Le démon semble s'en agacer légèrement.

    - Notre Championne, tu devrais…
    - Ah ttttt, ne commençons pas les sujets qui fâchent. (Elle baisse la tête). Nan la vérité, c'est que j'ai été attirée par un mouvement obscur de ce côté. J'ai cru que le Gardien s'était déplacé dans la mêlée. Mais maintenant… ça a disparu.

    Une lame parvient à percer l'épais rideau des ailes. Thrace se déplace légèrement et se faisant, se colle encore plus contre le démon rouge.

    - Ça tiendra, augure t-il.
    - Kernal ? T'es content de me voir ou c'est autre chose ?

    Le roi-démon ne comprend pas tout de suite. Et puis il semble le remarquer lui aussi.

    - Ah ma raideur ?
    - Appelle ça comme tu veux...


    Il empoigne son pénis en érection d'une de ces mains libre et le soupèse avec appréciation.

    - Ça arrive. La frénésie du combat procure des sensations extatiques. Tu n'as jamais ressenti ça ?
     L'ondine est gênée, elle regarde tout sauf ce turgescent témoignage de virilité pointé droit sur sa sveltesse. D'ailleurs elle se décale légèrement. Et sur la toile, les coups continuent d'être assénés à bon rythme.
    - Hé bien… maintenant que tu le dis…
    - Il n'y a pas à avoir honte. Le combat est le domaine du corps. Nous utilisons tout notre corps. Et il se manifeste. C'est sain.
    - C'est justement un peu malsain.
    - Morphal t'en parlerait mieux que moi.
    - J'ai déjà eu son illustration… je pense pas avoir besoin du complément verbal.

    Kernal passe un bras protecteur autour des épaules de la jeune fille. Puis il semble remarquer son arme. La double lame agrémentée de faux. Sa bouche bée, traduisant probablement l'étonnement.

    - Les faucheurs…
    - Hein ?
    - Les faucheurs étaient une caste élevée au sein de notre armée… à l'époque où notre peuple arpentait la surface et régnait en maître sur les races. Nous avons perdu la première bataille de Mag Tuired lorsqu'ils ont perdus leur cohésion au sein de la bataille.
    - Hmm, je m'en souviens vaguement.

    Ils en avaient parlé dans la caverne fomoire. Mais c'était quand ? Il y a un an ? Deux siècles ?

    - Cette arme est une réplique identique… (il passe une griffe sur le tranchant glacé). A ceci près que les leurs étaient en métal et en bois.
    - Bah, la glace n'est pas idéale… regarde, ça fond déjà.

    Mais ils ne sont pas ici pour discuter érection et boutique.

    - Bon, alors qu'est ce que tu fais ici ?
    - Je te l'ai dit. Je croyais que le Gardien était là !

    La pointe d'excitation qui perce dans la voix de l'ondine est plus taquine qu'irritée mais tout de même, encore marquée par la fièvre du combat on l'on admet difficilement la réplique. Façon vieux compère, Kernal lui tapote l'épaule de sa nouvelle tenue.

    - Ce n'était pas lui. Le Marcheur des Cieux m'a surpris, avoue t-il. Je ne pensais pas que les thuadènes auraient employés un stratagème aussi compliqué.
    - Alors il n'a pas bougé hein ?! Ça ne marchera pas deux fois ! Comment ils ont fait ça ?
    - Il semble que le Gardien ait marqué son Capitaine. En ce moment l'essence du pouvoir navigue entre les deux. Ils sont reliés d'une manière ou d'une autre et l'espace de quelques instants, le Marcheur s'est vu investi d'une Présence qui est normalement celle du Dagda Nuadien. C'est ce qui t'a trompée. Et c'est à double tranchant.
    - Il n'imagine tout de même pas me dupper comme ça toute la journée ? Est-ce qu'il a peur ?!
    - Ça serait surprenant. Non, le Gardien a simplement prévu une échappatoire Thrace. Quand tu le tueras, il transférera sans aucun doute ses pouvoirs à son successeur désigné. Alors il y aura un nouveau Gardien en la personne de Luk, le Marcheur des Cieux. Et j'ai l'impression qu'il est déjà atteint par les changements qui s'opèrent en lui. Sa manière de combattre… n'a rien d'honorable. Non, il ne tutoie plus les hauteurs.

    A cet instant, une secousse plus brutale que les autres ébranle leur havre de membrane. Thrace se fait projeter en avant et trébuche. Ils essaient d'enfoncer les ailes à coups de bélier ? Un remugle nauséeux lui remonte dans la gorge. Elle perçoit une conversation filtrée par l'épaisseur des ailes. Les combats semblent d'être calmés. La tueuse masquée s'appuie sur son genou pour se relever.

    - Es tu en train de me dire que si je tue le Gardien, tout sera à refaire ?!
    - Pas nécessairement.

    Un gros bloc de satisfaction.

    - Ah bon ?
    - Tu vas tuer le Dagda. Moi je vais tuer le Marcheur. Et à nous deux, nous aurons mis un terme à la domination odieuse des thuadènes. La seule inconnue… c'est la forme prendra ce nouveau Gardien.
    - Pas un grand cerf à peau de chêne ?
    - Non. Tu as sans doute déjà remarqué que nous, Seigneurs Rouges fomoires, incarnons des excès. Nos corps se sont déformés à l'image de ce que nous représentons.
    - Mmoui… Morphal était vibrant d'un vice affiché…

    Il acquiesce –peut-être avec un sourire-.

    - Les thuadènes eux, fonctionnent par Principe. En ce moment, le Gardien pacifique qui est leur maître est un Principe Instruit. Ou Principe Vital si tu préfères, c'est pareil. Il irradie de vie, de croissance… et il oppresse par sa présence. Mais on ne peut pas dire que ce soit très guerrier. A l'image de la nature, ils se modèlent sur leur environnement. En la circonstance, je pense que le nouveau Gardien sera terriblement belliqueux. Il incarnera un principe agressif et donc potentiellement beaucoup plus dangereux qu'un simple effet d'aura.
    - Ah. Et c'est mauvais ça ?
    - Non au contraire ! Un principe guerrier ça se combat ! Je suis impatient de m'y confronter !

    Thrace esquisse une mimique à cheval entre l'amusement et l'exaspération. Les fous du combat et leurs rituels... Mais il y a une intonation péremptoire dans les paroles de Kernal. Comme si c'était là la dernière chose qu'il voulait accomplir avant d'y passer. Elle se mordille la lèvre inférieure. Alors ?
    Alors au dehors tout semble soudainement très calme. Trop pour être honnête mais ça leur permet de continuer à discuter.

    - Kernal, qu'est ce qu'il se passe ?
    L'autre interprète sans doute la question sous son aspect le plus large. C'est le problème des races qui vivent trop longtemps. Ils ne sont pas assez terre à terre.
    - La suite est encore imprécise. Mais nous pouvons compter sur nos convictions. Je me bats pour mon peuple. Je vaincrai en son nom. Et toi ? As-tu enfin trouvé une raison de te battre ?
     
    Thrace soupire. Elle se plante un pouce entre les seins et réplique avec aplomb.

    - Je me bats pour moi Kernal. Juste pour moi.
    - Ça ne suffira pas. Tu ne pourras pas tuer…
    - Je ferai avec.
    - Hmm. Hmm.

    Les coups ont vraiment cessés autour d'eux. Peut- être qu'ils ont tout simplement laissé tomber. Kernal prend une inspiration lourde. Sa puissance musculeuse se relâche un moment. Puis il déplace sa main vers le visage de sa championne attitrée.

    - Je peux voir ton visage, petite sœur ?

    Abrupt et inattendu. La tueuse a un mouvement de recul. Elle commence par vouloir refuser mais finalement, se laisse docilement démasquer par la patte griffue. Le cuir glisse le long de sa peau, elle goûte la sensation douce de l'air tiède sur ses pommettes ; la respiration du fomoire. Elle rouvre les yeux. Kernal la fixe intensément. Ses cheveux dénoués, son regard brillant, ses traits liquides assez purs pour retourner les cœurs. Puis il opine et lui restitue son loup de cuir.

    - Je ne m'en étais pas rendu compte. Mais maintenant colorée de la fièvre du combat… tu es le portrait craché de ta mère.
    - Quoi ?! Hé mais…

    Trop tard, le démon soulève ses ailes à cet instant précis et les rend à la clarté aveuglante du jour, à la trépidation, à la guerre, à la mort de toutes part, aux…
    Plus personne ne bouge autour d'eux. Thrace déjà en position se détend avec méfiance. La bataille n'est pas terminée, elle en perçoit encore les échos au devant mais il n'y a plus un seul thuadène ici. Juste des humains alignés en cercle. Ils la regardent. En fait beaucoup lèvent les yeux sur le seigneur rouge. Le spectacle est assez déstabilisant pour que certains se mettent en garde.

    - J'vous avais dit qu'il n'était pas mort bordel !
    Une voix autoritaire tranche sur l'agitation.
    - Ne bougez pas.

    Il y a un heaume empanaché retombant se détache du lot. Thrace bloque son souffle et lève son arme à deux mains. L'humain avance dignement, lève son épée contre son visage et d'un mouvement sec circulaire, retourne la lame vers le bas, la plante en terre et s'agenouille derrière. Juste devant la petite ondine en fait. Une Thrace plutôt étonnée pour le coup. Son regard hésite. Elle ne sait pas comment réagir. Son geste provoque d'autres exclamations parmi les soldats rassemblés en cercle autour des deux non-humains. La plupart ont une gueule particulièrement sinistre, mais c'est vrai qu'il n'y a pas spécialement de quoi se marrer.
    De son haut côté, Kernal ne bouge pas spécialement. C'est-à-dire si l'on omet les inévitables contractions et détentes de ses muscles tenseurs, de sa respiration et de quelques tics de ci de là. Thrace cherche une explication sur son visage mais elle n'en trouve pas plus que l'ombre d'une paupière pour cligner de l'œil avec connivence. Pas de langage non verbal chez les seigneurs fomoires.

    L'homme agenouillé devant elle s'éclaircit la gorge. Elle reporte son attention sur son dos voûté. Plutôt balaise comme humain. Le modèle lourd et couturé qui en a connu d'autres.

    - Inconnue vêtue de noir, tu as apaisé le démon. Nous t'en sommes redevables.

    Thrace flûte à mi-voix à l'intention de Kernal :

    - Je t'ai calmé ? Ils ont pas vu ce que j'ai vu…
    - Chtt.

    L'humain ne semble pas avoir entendu.

    - Je suis le capitaine Cletus. Permets que moi et mes hommes nous mettions à ton service.
    - CLETUS ! C'est une trahison !
    - Silence ! Je parle ici au nom de ma compagnie et de mes hommes ! Jeune fille, la baronnie de Hauterive se range à tes côtés. Nous t'avons vu combattre les démons. Nous sommes prêts à te suivre.
    - Le duc te fera empaler !
    - Puisqu'il ne nous a pas été donné de pleurer la mort de Crassius, alors je renie mon engagement envers ce seigneur de pacotille ! Cette fille est un exemple pour nous. Une inspiration. Je la suivrai. Tout ceux qui ne sont pas d'accord avec moi sont libres de partir. (Il retire son casque et le jette au sol). Mais en ce qui me concerne, c'est tout décidé.

    L'ondine écarte les mains d'un geste d'impuissance. Elle ne veut pas de cette loyauté embarrassante. Elle n'en a pas besoin. Elle veut agir seule et… Une main griffue se pose sur son épaule. Kernal hoche la tête.

    - Tu en auras besoin. Les fomoires ne sont plus assez nombreux pour t'épauler. Tu es une championne, tu es faite pour mener des gens au combat. Que tu le veuilles ou non d'ailleurs.

    Thrace soupire, ferme le poing et fait un moulinet sifflant de sa double lame dégoulinante.

    - J'ai bien besoin de ça !
     
    Le capitaine dévoyé prend ça pour un accord. Il se relève et se frappe la poitrine avec raideur.

    - Quels sont vos ordres ma Dame ?

    La jeune ondine grimace. Ce genre de titre, ça vous fait vieillir d'un coup. Elle frémit mais ne relève pas pour le moment.

    - Foutez moi la paix !
    - Bien. Nous vous suivrons en retrait.
    - Mais par Mmm…, je ne veux pas de vous dans mes jambes !
    - Efficaces et discrets.
    - Enfoirés…
    - En formation De Foirée. C'est compris.
     
    A croire qu'il note scrupuleusement des instructions sur un carnet, la langue entre les lèvres. Encore un dialogue de sourd. Ces humains…
    Le capitaine beugle ensuite une série d'ordres avec une autorité martiale mais Thrace l'ignore, elle est déjà partie, en train de fendre les rangs pour rejoindre la dernière ligne de front. C'est là que tout va se jouer.

    ***

    Bjorn se met en position de lutteur, les bottes callées dans la boue, prêt à encaisser l'attaque du paltoquet blond. Ce gringalet apparemment fou jusqu'au trognon prend son temps. Ses sbires l'encadrent sur les côtés en arc de cercle défensif. C'est un duel, un vrai. Le brave lieutenant ne sait pas vraiment pourquoi le chef des humains, leur meneur, la pièce maîtresse, tient à l'affronter seul mais il n'a pas l'intention de se priver de cette occasion en or !
    Alors il le regarde, les buissons qui lui servent de sourcils froncés jusqu'au nez. Il le laisse faire sa petite mise en scène. Qu'il se donne donc du style, qu'il se poudre, qu'il se ventile s'il le souhaite, ça ne changera rien. L'anterserk n'épargne ni les coquets, ni les petits malins.

    Leur chef semble néanmoins en savoir un peu sur la technique particulière de Bjorn. Il commence par se débarrasser de ses atours rutilants (quoiqu'un peu tâchés). Cape blanche, tunique, gants de monte. Il se dénude jusqu'à la taille révélant un corps mince, svelte et pâlichon. A peine musclé, les côtes sont visibles lorsqu'il inspire profondément dans l'air surchauffé de ce midi étouffant. Il rejette ses cheveux en arrière, fait quelques pas d'assouplissement et sourit à son adversaire désigné.

    - Attends toi à quelque chose d'inhabituel, "démon-blond".
    - Je m'appelle Bjorn.
    - Très bien. Parfait ! J'aime les sobres présentations. Pour ma part, mon nom n'a aucune importance pour toi puisque tu ne vivras pas assez longtemps pour le répéter. Mais pour la durée de notre affrontement, je t'autorise à m'appeler "Duc".
    - Pfff.
    - C'est assez court pour toi, mon monosyllabique mâcheur de mots ?
    - Ouais. Amène toi, "duc".

    Le fin blond aux mèches raides, presque cendrées sourit avec impertinence à son vis-à-vis, bond également mais d'un port arbuissonnant. Foisonnant au point qu'on ne s'étonnerait pas de trouver du gibier dans sa barbe. Bjorn commence à croire qu'il veut vraiment l'affronter à mains nues, il gonfle le thorax, envoie tout ce qu'il connaît d'intimidation dans son regard et avance crûment la mâchoire inférieure.

    Et puis le "duc" le détrompe en tirant soudainement une impressionnante longueur de métal du flanc de son canasson. Le nordique a un mouvement involontaire de surprise. Il relève le menton. Une épée ? Un fendoir ? Un tranchoir ? Rien que la poignée fait la longueur d'un avant bras !
    Mais le plus surprenant dans tout ça, c'est que ce gringalet à peine assez épais pour remplir l'espace visuel parvient à la manier sans effort apparent. Il fait quelques moulinets, autant pour se faire mousser un peu que pour agrandir son espace et se poste en garde avec un étrange sourire pour lui relever les lèvres.

    Bjorn étrécit les yeux. Alors, une arme finalement. Il ne sait donc pas quels effets ont les attaques sur lui ? Tant mieux. Tant mieux. Au premier coup, vu la taille de l'engin et la carrure de son adversaire, le renvoi de l'anterserk va proprement le couper en deux ! La douleur sera sans commune mesure avec ce qu'il a déjà dû endurer au cours de cette bataille perdue mais il le fera. Par ferveur, pour ses frères et sœurs, pour la beauté du geste, et pour tout un tas de raisons qu'il serait trop long d'énumérer.
    Bjorn avance d'un pas, il bande ses muscles. Il ne lui reste qu'à guetter l'attaque. Et pourquoi pas, à la provoquer.

    - Alors ? C'est tout ? Ton couteau te sert juste à ventiler ou c'est pour compenser quelque chose d'autre ?

    Le "duc" se claque la cuisse de rire. Vraiment. Il cligne de l'œil, rétorque un bref "bien envoyé !" et se rue à l'assaut. La pointe de son épée racle le sol, il relève. Bjorn respire à petits à coups, il lève les poings. Attention. Attention. Deux mètres. L'épée étincelle de soleil. L'humain se bloque d'un coup net, lève son épée démente à l'horizontale et d'un va et vient sec, place un estoc fulgurant dans le creux de l'épaule du nordique. La lame passe, rentre, déchire la chair, fracasse l'omoplate et ressort de l'autre côté. Les tendons sciés, les cartilages hachés. Les bris d'os qui frottent.
    Bjorn serre les dents à s'en faire grincer les molaires mais il ne trahit pas plus de douleur qu'un palissement assez notable. La douleur ! La douleur ! Inhabituellement dure ! Un homme moins entraîné se serait écroulé dans son vomi. L'anterserk est une défense impitoyable, pour son utilisateur, comme pour sa victime. Il relâche sa respiration. Le duc en face fait de même. Lui non plus n'a trahit aucune douleur. Et pourtant c'est bien son sang qui s'écoule sur son torse glabre. C'est son épaule qui vient de s'ouvrir à la pointe large de son arme cruelle.
    Il serre les dents lui aussi, mais il sourit toujours. Il y a dans ses yeux une expression de folie pure. Bjorn s'inquiète. Il voudrait formuler une pensée cohérente mais déjà, le "duc" replonge à l'attaque. Pris d'un doute, le nordique baisse imperceptiblement la tête lorsqu'il sent l'épée lui faucher une mèche. Il bouge sur le côté, baisse les bras et s'efforce de rester serein. Les coups de l'humain sont vifs et rapides ! La lame siffle sans cesse, elle passe sur le côté, Bjorn pivote de profil. L'épée lui égratigne à peine la peau. Une petite estafilade s'ouvre sur le flanc du duc. Il baisse la tête et s'enferre dans son assaut. Bon sang ! Bjorn accepte une nouvelle fois la morsure de l'épée et hoquette. La douleur est beaucoup trop brûlante ! Le duc n'écope pourtant que d'une coupure bénigne au ventre.
    Il souffre lui aussi mais continue à attaque. Il ne sourit plus maintenant, il presse le nordique de moulinets serrés. Bjorn esquive. Il veut éviter de rentrer au contact de cette lame le plus possible. Il doit se concentrer sur les coups mortels. Ceux qui achèveront le "duc" d'un coup. Mais ce salopard connaît son affaire ! Passé la première attaque qui faisait peut-être office de test, il se cantonne à des petits coups douloureux mais sans gravité corporelle. Il veut l'user !
    Bjorn se contracte, profitant d'un mouvement profond de son adversaire il passe sur l'arrière et se retourne massivement. Ce n'est pas normal. Il ne devrait pas chercher à l'éviter ainsi. Mais il ne peut pas s'en empêcher. Il commence à redouter les attaques de ce fou. Mais s'il s'énerve, il voudra en finir plus vite. Alors peut-être…
    Justement, ce dernier se retourne, écumant une bave rose. Il fait reculer Bjorn d'un mouvement sec et subitement, pose sa lame à plat, un bras replié en arrière. Il pousse ! C'est une opportunité. Bjorn ferme les yeux, prêt à encaisser.

    Puis les rouvre.

    Il ouvre grand les yeux.

    Il se dilate les orbites veinées de rouge.

    Il se décroche la mâchoire, expédie un mugissement de taureau dans l'air.

    Il inspire et d'un coup, lâche un cri déchirant qui trouve son écho dans plusieurs gorges autour de lui.

    L'épée du duc… l'épée… par Mara… il halète maintenant et éponge un filet de salive du revers de la main. Son adversaire est appuyé sur son épée. Bjorn relève un œil humide et cherche la blessure sur le corps de son adversaire. C'est bien ça. Il l'a frappé exactement au même endroit : dans le creux de l'épaule, là où son corps portait encore la mémoire de la douleur.
    Coup dur de chaque côté, l'humain ménage la pause. Il renvoie ses élégantes mèches derrière ses oreilles et respire doucement. Bjorn ne peut pas imposer le rythme mais il doit profiter des instants de faiblesse coûte que coûte :

    - Tu n'y arriveras pas comme ça "duc". C'est TON épaule que tu bousilles en t'enferrant de la sorte !

    Au lieu de répondre, l'humain acquiesce. Puis il attrape sa lame d'une main, la fait sauter en place dans sa paume et claque une fente magistrale qui foudroie Bjorn de part en part… dans le creux de l'épaule. D'une seule main ?!
    Le sang gicle, éclate en gerbe sur les blancs pectoraux du blanc bec. Il s'inflige encore cette douleur atroce et combat avec son unique bras valide. L'autre pend misérablement, poids mort au bout de cette épaule en charpie. Entre deux halètements râpeux, le duc parvient à en placer une à son tour, alors même que son épée est encore dressée entre eux.

    - Tu résistes bien à la douleur démon… mais j'ai une mauvaise nouvelle pour toi. Je suis un expert dans l'art de la torture.
    - J'm'en fous.
    - Au contraire, c'est important. Point capital. Sais-tu pourquoi cette épée fait si mal ? Sais-tu pourquoi je peux la manier aussi facilement ?
    - J'm'en fous !
    - Voudrais-tu comprendre pourquoi tu vas bientôt m'implorer à genoux ? Pourquoi je résiste à mes propres souffrances aussi bien, sinon mieux que toi ?
    - Je sens que je vais me répéter.
    - Très bien. A ton aise. Je te donne juste un indice alors.

    "Duc" se retire et enchaîne une série de mouvements rapides qui à chaque fois, arrachent une paillette de résistance à son armure d'anterserk. Une paillette. Il en faudra plus pour seulement la fendiller ! Mais Bjorn commence à douter. Une paillette, même infime, ce n'était encore jamais arrivé.

    - Mon père ! Mon défunt géniteur ! Mon adorable engendreur était… (il taille)… un… (il frappe)… BOURREAU ! (Il frappe une dernière fois dans les côtes flottantes du plat de la lame et repose son arme sur son épaule indemne). Et tu peux me croire, les punitions, c'était pas le ceinturon.

    Bjorn, voûté sur ses genoux parvient à redresser sa colline de dos et crache sur côté. Avec les chocs dans les tympans, il a mal entendu un détail. Et pour le coup, il regarde la monture du "duc" avec un autre œil.

    - Non ? T'es né d'un bourrin... Alors c'est de la famille que tu enfourches ? Ton grand père peut-être ?

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  • Commentaires

    1
    Sakutei Profil de Sakutei
    Dimanche 16 Octobre 2011 à 17:06

    Ah yé ! Un autre ! C'est un peu plus long (un poil) que d'habitude. Mais c'est normal, y'a du poil justement. Du duel à suivre et plein de petites choses...

    La suite demain, lundi, oui oui en confiance.

    2
    Moo Profil de Moo
    Vendredi 28 Octobre 2011 à 19:41

    Un petit mot de la carpe :P

    Je vais pas commenter ce chapitre, je l'ai lu y'a plus de 10 jours et me souviens pas des détails, mais je suis fidèle au poste, et impatient de lire la suite ;)

    3
    Sakutei Profil de Sakutei
    Samedi 29 Octobre 2011 à 14:27

    Aaaah yeah, ça fait plaisir de te voir ardent x). Ce we j'ai bien du temps libre mais je l'ai déjà rempli avec du maraudage... Mercredi, je pourrais m'y remettre alors sans doute une suite courant de la fin de semaine prochaine !

     

    Pis je vais griffonner dans le train.

     

    Aïe ^^.

    4
    Moo Profil de Moo
    Lundi 5 Décembre 2011 à 21:24

    A ce rythme là, j'aurai pas le droit à une suite avant mon départ pour l'hémisphère sud... ça va être moins facile à lire la tête à l'envers.

    The suiiiiiite ! :P

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    5
    Sakutei Profil de Sakutei
    Mardi 6 Décembre 2011 à 07:00

    J'y suis presque ^^. Sérieux Moo part au pays des éviers qui tourbillonnent à contre-sens ! Waho !

    Faudra que j'écrive à l'envers alors :]

    6
    Moo Profil de Moo
    Dimanche 18 Décembre 2011 à 13:57

    Si on compte uniquement l'hémisphère Sud, t'as jusqu'au 10 janvier environ. Et si on compte juste le départ de France, t'es en retard de 10 jours déjà :P

    7
    Sakutei Profil de Sakutei
    Mercredi 21 Décembre 2011 à 07:23

    Haye, la route est longue, la route est longue. Me connaissant, j'ai certainement déjà opté pour l'option "10 jours de retard". Mais vu que mon contrat s'arrête bientôt, je vais bien finir par avoir du temps enchaîner les chapitres.

    Bon, tout ça se lit sans doute aussi bien dans l'hémisphère sud ^^".

    8
    Moo Profil de Moo
    Samedi 14 Janvier 2012 à 04:53
    Ça y est, je suis au pays des kangourous depuis 2 jours.
    La suiiiiiiiiiiite mate ! :P
    9
    Sakutei Profil de Sakutei
    Samedi 14 Janvier 2012 à 11:12

    Ok une suite pour la table Australienne ! On envoie !

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