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153 m
La vitre se fracasse. Le nez ensanglanté, les vêtements lacérés, je roule dans un couloir qui m'est totalement inconnu et m'écrase contre un bureau étranger. Ici tout est teinté d'orangé par la lumière du soleil levant. Je cherche mes repères. Des post-it's roses voltigent dans la bourrasque qui s'engouffre par la vitre brisée dans mon dos. Je m'interroge. Dans un coin il y a une photocopieuse qui tire des pages vierges. Comme pour la grue, je me prends soudainement d'une lubie.
- Je m'appelle Lucie.
- Je vais au Canal Baltique.
Elle me regarde en souriant. Enfin je me demande…
- Les immeubles vont bientôt s'écrouler.
- Je peux peut-être encore passer.
- Peut-être. Le Canabalt progresse très vite.
- Le Canabalt brouille tout.
- C'est vrai. Il efface tout, pas seulement les constructions.
- Mais si je peux atteindre le Canal Baltique…
- Oui c'est possible. Mais il faut que tu prennes en compte que c'est sans doute une illusion aussi.
- On ne peut pas en être certains.
- C'est une simple déduction. Si le Canabalt a inventé ce que nous ressentons, alors il a peut-être également inventé ça. Comme un phare inaccessible. Une récompense qui nous est promise parce que nous ne pouvons pas avancer sans motivation. Les humains sont comme ça. Les lois de la robotique ne s'applique pas à nous, il faut faire autrement.
- Alors il n'y aurait pas de fin ?
- Peut-être…
- Je dois tenter d'en apprendre plus.
Pour tout enseignement, elle imprime une nouvelle brassée de pages que je regarde attentivement. Dessus il y a écrit : "Les couleurs correspondent aux sentiments. Tant que tu ne trouves pas celle qui te manque, tu ne comprendras pas le Canabalt". Et le tout en différentes épaisseurs de police. Je reprends ma marche, le doute aux lèvres.
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